Le 23 février à Kindia, l’imam, El Hadj Mamoudou Camara, a été officiellement intronisé Kountiguibè (chef coutumier) de la Basse-Guinée. La cérémonie a connu la présence de bien d’invités dont les autorités de la transition. Le bicéphalisme est-il enterré ?
La région de la Basse-Guinée a désormais son nouveau Kountiguibè, après le décès d’El Hadj Sékhouna Soumah, le 31 octobre dernier. L’imam de Kindia, El Hadj Mamoudou Camara, l’un de ses successeurs potentiels du défunt, a été intronisé. La cérémonie s’est déroulée à la Place des martyrs de la ville des agrumes, capitale de la Guinée-Maritime. Autorités, sages, imams et représentants des chefs coutumiers des autres régions ont assisté à l’intronisation. Dans son discours, le nouveau Kountiguibè a rendu hommage à son prédécesseur : « Feu El Hadj Sékhouna Soumah était un sage, religieux à la tête de la Basse-Guinée avec force, parole et magie ». Il s’inscrit en unificateur et prône la paix, l’entente et l’union entre fils et filles de la région. El Hadj Mamoudou Camara estime qu’il n’est supérieur à personne de la Basse-Guinée : « Je ne suis instruit plus que personne, je n’ai rien. Certains sont plus instruits que moi, mais vous avez porté votre confiance en moi, je vous prie de m’aider dans cette aventure ». Le successeur d’El Hadj Sékhouna Soumah rappelle à la communauté de la Basse-Guinée lance un appel à ses détracteurs, il souhaite être corrigé, s’il est fautif : « Le bagage qui m’a été confié, je suis entièrement à votre disposition. Si je dérape, ne faites pas semblant, venez au secours. Si je me trompe, ce n’est pas de ma faute. Je confie cette responsabilité à la jeunesse, aux cadres, également aux femmes, aux grands marabouts, aux imams. Je ne peux pas mener ce combat seul. S’il y a des antécédents, venez, nous allons en discuter ensemble pour que la quiétude sociale règne en Basse-Guinée ».
Le patriarche insiste et persiste, qu’il confie son pouvoir à la jeunesse : « En Basse-Guinée, c’est l’enfant qui porte le bagage pour un vieillard. Donc, je dis aux jeunes que ce pouvoir est le leur ».
Fin de la division
Après la mort d’El Hadj Sékhouna Soumah, le bicéphalisme s’est accentué dans la Coordination de la Basse-Guinée. Une guéguerre éclate entre le camp d’El Hadj Mamoudou Camara et celui d’El Hadj Moustapha Kaba, soutenu par El Hadj Souna Yansané, tous deux basés à Conakry. Elle a duré deux mois. Début janvier, le premier annonce son intronisation les 18 et 19 janvier à Kindia, le second le 15 janvier à Conakry. Les autorités entrent dans la danse, pour interdire toute intronisation en Basse-Guinée.
Des négociations s’ouvrent, pour aboutir à la cérémonie d’intronisation d’El Hadj Mamoudou, impliquant non seulement les ressortissants de la Basse-Guinée mais aussi les autorités de la transition. D’où la présence du ministre du Budget, Facinet Sylla. Il a réagi : « Pour arriver à ce couronnement, il a fallu beaucoup de processus. Il y avait eu des velléités de division, mais grâce à la sagesse des aînés, nous sommes arrivés à un point final qui est le consensus sur un seul nom et tout le monde s’aligne derrière ce nom ». Le gouverneur de Kindia, général Aboubacar Diakité, satisfait, de renchérir : « Cela nous donne la fierté, le bonheur et la satisfaction. Nous avons travaillé afin que toute la Basse-Guinée se mobilise à Kindia. C’est ce qui fut fait, nous remercions tout le monde. »
El Hadj Moustapha Kaba, le grand absent ?
El Hadj Moustapha Kaba n’aurait ni participé ni envoyé des représentants à la cérémonie d’intronisation. Il n’a pas réagi. Toutes nos sollicitations pour le joindre sont restées vaines. Pourtant, son partisan et adversaire du désormais nouveau Kountigui, El Hadj Souna Yansané, était à Kindia. A voir si la hache de guerre pour la succession d’El Hadj Sékhouna Soumah est enterrée.
Souleymane Bah