L’ex-dirlo général de la Banque nationale d’investissement de Guinée (BNIG), Alpha Mohamed Kallo, s’est expliqué sur l’acquisition de ses biens devant la Crief à l’audience du 12 février. Il jure, la main sur le palpitant, les avoir acquis à la sueur de son front.
Le périmé dirlo et deux de ses collabos sont poursuivis par le Parquet spacial près la Cour de répression des infractions économiques et financières pour « détournement de deniers publics, enrichissement illicite, blanchiment de capitaux, corruption d’agents publics », entre autres. Le trio aurait détourné 119 milliards de francs glissants des caisses de la BNIG : le capital, des prêts et du budget de fonctionnement.
À l’audience du 12 février consacrée à l’interrogatoire du prévenu par la défense, Kallo a clamé avoir acquis tous ses biens bien avant qu’il n’atterrisse à la tête de la BNIG en 2018, créée sur proposition de l’ex-Prési Alpha Grimpeur. Mais, bien avant, Kallo a servi dix ans durant dans l’administration, notamment au ministère de l’Économie et des Pitances et à celui du Budget, où il a occupé le poste de secrétaire gênant.
« Mon premier bien date de 1984, acquis après mes études en France : un appartement à Paris. Je l’ai revendu pour acheter une maison à Taouyah à 13 millions de francs guinéens en 1988. J’ai l’université Le Prince à Enco-5, construite en 2004, après avoir acheté le domaine à 13 millions de francs guinéens. Elle a été ouverte en 2007 », explique le prévenu. Selon lui, en dix ans, Le Prince lui a rapporté une misère de 14 milliards de francs glissants.
À la question de savoir comment Kallo a gagné le fric pour financer les travaux, il répond qu’il importait de ciment. « J’avais un pourcentage sur tous les bateaux de ciment qui accostaient au Port de Conakry », argue-t-il.
« C’est le seul revenu que vous aviez ? », interroge Me Jean-Baptiste Jocamey Haba, de la défense. « J’ai des acquisitions à l’étranger. J’ai travaillé huit ans aux États-Unis en tant que consultant. J’ai une maison là-bas, laquelle me rapporte 2 000 dollars américains par mois. J’ai aussi des appartements en location à Paris qui me rapportent beaucoup d’argent », affirme l’ex-dirlo de la BNIG.
« Je ne suis pas un agent public »
Parlant de « blanchiment de capitaux », Kallo déclare que le parquet ne l’a poing arrêté avec des liasses de cash injustifiées. Me Jean-Baptiste Jocamey Haba soutient mordicus que la charge de « corruption d’agents publics » ne pèse pas sur son client, car celui-ci n’en est pas un. Kallo appuie son avocat : « Un directeur de banque ne peut être un agent public, je ne suis pas un fonctionnaire. Je n’ai pas été nommé par décret, mais désigné par l’assemblée constituante, composée des représentants de l’État guinéen, de la Banque centrale de la République de Guinée et d’Afriland first Bank. » Alpha Mohamed Kallo jure, sur tous les saints, n’avoir corrompu personne et n’a poing été corrompu.
Retour au gnouf
Écroué à l’Hôtel cinq étoiles de Coronthie depuis le 26 juillet 2022, Alpha Mohamed Kallo peine à se tirer de là. Son avocat (sans vinaigrette), Me Jean-Baptiste Jocamey Haba, prie la Cour de le remettre en liberté afin de passer le Ramadan en famille. Amiata Kaba, le substitut du pro-crieur, s’y oppose, arguant que la demande de remise en liberté « est prématurée.» Finalement, le robin, Yagouba Conté, rejette la demande de remise en liberté du prévenu et a renvoyé l’affaire au 26 février. Kallo retourne au gnouf, calmement.
Yaya Doumbouya