Le 7 février, le Prési des Etats-Inouïs a confirmé l’arrêt temporaire des activités de l’Agence américaine pour le développement international. En Guinée, les bénéficiaires du fric de l’USAID sont sur le qui-vive. 

Donald Trump exécute sa promesse de campagne d’opérer des coupes budgétaires importantes dans les agences fédérales. Sa décision affecte considérablement les organisations dépendantes de l’Agence américaine pour le développement international. Jouant un rôle majeur dans la distribution de l’aide étrangère américaine dans pas moins de 120 pays à travers le monde, l’USAID devra se résoudre à mettre la clé sous le paillasson. Ainsi en a décidé Donald Trump après son élection à la Maison blanche le 5 novembre 2024. Une décision brusque, mais attendue, puisque le milliardaire en avait fait un de ses sujets de prédilection de campagne électorale.

Trump qualifie les dirigeants de l’USAID de « fous extrémistes ». La fermeture de l’agence met déjà en péril des milliers d’emplois, surtout dans les pays en développement comme la Guinée où elle intervient dans la santé, l’éducation, la promotion des droits de la femme… Toutes ces activités vont s’arrêter suite au décret de Trump, plongeant ainsi les employés de l’USAID-Guinée et leurs collaborateurs dans l’incertitude.

Aucune déclaration officielle, les responsables de l’USAID-Guinée auraient reçu consigne de ne piper mot : « Toutes les questions liées à l’USAID doivent désormais être adressées à l’ambassade des Etats-Unis. Nous ne sommes pas habilités de dire quoi que ce soit », déclare un employé de l’agence.

A l’ambassade des Etats-Unis à Cona-cris, même motus bouche-cousue : « Il n’y a rien à dire pour le moment, nous attendons les directives », répond un membre du personnel. La décision étant temporaire, papa Trump fera-t-il rétropédalage ? Rien n’est moins sûr.

Arrêt des activités

Sur le terrain, des organisations bénéficiant de l’aide américaine via l’USAID sont déjà impactées. Elles ont été obligées de tout arrêter et de rappliquer à Cona-cris. Un cabinet d’études financé par l’Agence avait déployé des enquêteurs en Haute-Guinée et en Guinée forestière, pour une étude sur l’accès à l’eau, le pastoralisme et le changement climatique. Il a été sommé de tout arrêter.

C’est un projet pourtant sous-régional bénéficiant touchant, outre la Guinée, le Ghana, le Togo et le Bénin. Les agents étaient déjà sur le terrain pour la collecte des données, avant qu’un un e-mail de l’agence leur intime de rebrousser chemin : « Le cabinet qui nous a recrutés, nous a transmis un courrier de l’USAID demandant de cesser toute activité ».

L’USAID payerait toutes les prestations faites jusqu’au 27 janvier : « On cherche actuellement à entrer en possession de notre argent », explique au téléphone notre source qui a requis l’anonymat. Pas sûr que les travaux effectués après le 27 janvier soient rétribués.

La transition impactée ?

Selon une autre source, aucune ONG collaborant avec l’USAID ou l’ambassade des Etats-Unis en Guinée ne travaille actuellement. Cela impacterait des projets chers aux autorités guinée-haines de la Transition. Comme ce projet de soutien à la transition d’une durée de 4 ans, portant sur l’éducation civique, la vulgarisation de la nouvelle Constitution ou encore la sensibilisation pour une transition réussie. Il était confié à 3 ONG dans chaque préfecture et Cona-cris, la capitale : « Il bénéficiait aux jeunes, aux femmes et aux personnes marginalisées. Son arrêt met en situation de fragilité des centaines de familles », s’inquiète une source proche dudit projet.

Les travailleurs de ces ONG comme ceux de l’USAID sont au chômage technique : « Les gens de l’USAID ne travaillent que si les organisations financées travaillent. Ce sont elles qui produisent les rapports d’activités. Aucune ONG financée par l’USAID ou l’ambassade n’est sur le terrain », ajoute cette source.

D’autres projets majeurs comme la sensibilisation sur la cohésion sociale et le vivre-ensemble en Guinée forestière sont aussi à l’arrêt. Les collaborations entre l’USAID et les médias n’ont pas été épargnées. Une source craint que le vide laissé par les Etats-Unis ne profite à d’autres puissances : « Si la décision temporaire devient définitive, les Etats-Unis ne feront qu’ouvrir la porte à des pays comme la Corée du Sud, la France, l’Allemagne ou la Chine. Ils reviendront trouver que le terrain est occupé ». L’effet Trump n’affectera pas que l’immigration.

Yacine Diallo