Un député de l’opposition en Guinée-Bissau a été libéré jeudi soir, quatre jours après son arrestation lors d’une « cérémonie traditionnelle » de maraboutisme, a appris l’AFP de source policière. 

Flavio Batica Ferreira, un franco-bissau-guinéen, député de l’étranger du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée et du Cap-Vert (PAIGC), avait été interpellé dimanche près de Pitche, à la frontière avec la Guinée Conakry.

« Le député a été pris la main dans le sac, en pleine cérémonie (de maraboutisme, ndlr). Toute la cérémonie a été filmée par les agents qui ont procédé à son arrestation », a déclaré à l’AFP le secrétaire d’État José Carlos Macedo.

Si les cérémonies traditionnelles ne sont pas interdites en Guinée-Bissau, les autorités les surveillent, soupçonnant que certaines sont utilisées par des opposants qui veulent fomenter un coup d’État. « J’avais une affaire à régler et j’ai procédé à des cérémonies pour que les choses se débloquent. C’est une pratique très normale en Guinée-Bissau », s’est justifié le député sur une radio portugaise après sa libération. « J’ai été interrogé sur les raisons de ma présence dans cette région, également sur une éventuelle action de subversion. Le plus lamentable est que j’ai été empêché de voir mon avocat », a-t-il affirmé.

Cette arrestation a eu lieu alors que la date de la fin de mandat du président Umaro Sissoco Embalo fait débat dans ce pays d’Afrique de l’Ouest, coutumier des turbulences politiques. 

« Des rumeurs de coup d’État circulent. Ceux qui veulent les intenter organisent des cérémonies mystiques et font des sacrifices pour leur réussite. Nous sommes alertés et suivons tous les mouvements », avait déclaré à l’AFP une source sécuritaire.

Après une élection contestée, M. Embalo avait prêté serment pour un mandat de cinq ans en février 2020. L’opposition considère que ce mandat doit s’achever le 27 février 202. La Cour suprême a, elle, indiqué que M. Embalo terminerait son mandat le 4 septembre, ce qui est contesté par le chef de l’opposition et ancien Premier ministre, Domingos Simoes Pereira.

M. Embalo a dissous le Parlement acquis à l’opposition en décembre 2023, trois jours après des affrontements armés qu’il a présentés comme une tentative de coup d’Etat.

Les législatives anticipées fixées au 24 novembre 2024 ont été reportées sine die par un décret présidentiel à cause, officiellement, de difficultés logistiques et financières. Une coalition constituée autour de l’historique PAIGC, vieil adversaire du président Embalo, détenait la majorité absolue au Parlement depuis les législatives de juin 2023, forçant le président à une cohabitation tendue.

Avec AFP