Pour la deuxième fois depuis le début de la transition en Guinée, le Premier ministre et son équipe sont « en immersion » dans l’intérieur du pays pour une durée d’un mois. Mais alors que le gouvernement nommé par les militaires au pouvoir affiche désormais sa volonté de voir le chef de la junte, le général Mamadi Doumbouya, se maintenir à la tête de la Guinée, cette initiative destinée à « prendre en compte les réalités du terrain » a tous les airs d’une campagne électorale déguisée.
«En immersion» dans la région de N’Zérékoré depuis la fin de la semaine dernière, le gouvernement du Premier ministre Bah Oury effectue une nouvelle tournée dans l’intérieur de la Guinée qui s’apparente à une campagne électorale déguisée en faveur du chef de la junte, le général Mamadi Doumbouya.
«En immersion» dans la région de N’Zérékoré depuis la fin de la semaine dernière, le gouvernement du Premier ministre Bah Oury effectue une nouvelle tournée dans l’intérieur de la Guinée qui s’apparente à une campagne électorale déguisée en faveur du chef de la junte, le général Mamadi Doumbouya.
« L’immersion ne vise pas simplement à faire acte de présence. […] Elle a pour but de prendre en compte les réalités du terrain afin de mieux planifier l’avenir », avait précisé le Premier ministre Bah Oury sur le réseau social X lors de la première étape de la tournée immersive de son gouvernement dans l’intérieur de la Guinée, à N’Zérékoré, la capitale de la région forestière, en fin de semaine dernière.
Depuis, de commune en commune, le chef du gouvernement et ses ministres n’ont cessé de multiplier les rencontres, les cérémonies et les promesses en direction des populations de la région : ouverture d’une cité administrative, accès au numérique dans les écoles primaires dès la prochaine rentrée, création d’un centre de diagnostic et de cardiologie, sans oublier le développement de la mine de fer du Simandou dont la première tonne sera convoyée en train en fin d’année, avait déjà garanti le secrétaire général et porte-parole de la présidence, le général Amara Camara.
« Siffler la fin de la récréation »
Chaque fois ou presque également, ces engagements sont le résultat de la vision d’un seul homme, le président de la Transition Mamadi Doumbouya, ne manque-t-on pas non plus de rappeler, si bien que cette antienne finit par donner à cette nouvelle « immersion gouvernementale » tous les airs d’une véritable campagne électorale, au grand dam des associations de la société civile.
« Alors que la transition aurait dû s’achever le 31 décembre et que le président a annoncé [dans son discours de Nouvel An, NDLR] que 2025 serait une année électorale, il faut s’interroger : cette tournée du gouvernement n’est-elle pas une démarche déguisée ? Si l’heure est à faire campagne, il convient alors de siffler la fin de la récréation et d’annoncer que le processus électorale a commencé », déplore ainsi Ibrahima Aminata Diallo, le président de la Coalition nationale des acteurs pour la paix et le développement (Conapaid).
Une question qui se pose d’autant plus que la présidence et le gouvernement se contredisent sur la date effective du retour à l’ordre constitutionnel en ce début d’année alors que depuis le 1er janvier, le calendrier de la transition est totalement chamboulé.
Par : Sidy Yansané © RFI