La Guinée a entamé son processus démocratique au début des années 90.  Après le discours historique du président Lansana Conté, annonçant l’instauration du multipartisme,  la création des premiers partis politiques, la naissance des journaux indépendants, la libération des ondes, le pays a fait un grand bond en avant dans la mise en place d’un État de droit. Dans cet arsenal d’institutions démocratiques, la réforme de la justice post-révolution figure en bonne place. Donnant à chaque citoyen la possibilité d’avoir accès à un procès juste et équitable.

Plus de trente ans plus tard,  le pays tend à revenir en arrière. C’est peut dire qu’il a encore du chemin à faire dans le domaine des droits de l’homme. Les récents kidnappings et autres arrestations et condamnations d’opposants pour crime de lèse-majesté constituent la parfaite illustration que la démocratie et l’État de droit ne sont jamais définitivement acquis. Ce processus de longue haleine connaît des hauts et surtout des bas pour le cas de la Guinée.

Pour un peuple qui a payé un lourd tribut pour son idéal démocratique, la jeunesse était censée s’engager dans une dynamique de défense des acquis de ces dernières décennies. Pour exiger entre autres un retour rapide à l’ordre constitutionnel après un coup d’État militaire. Mais voilà, une partie de la jeunesse décide, contre toute attente, de soutenir les auteurs d’un coup d’État militaire qui veulent confisquer le pouvoir.

En conférence de presse, le Mouvement pour l’alternance en Guinée s’inscrit dans cette logique. Ce mouvement dit des jeunes de l’axe Hamdallaye- Kagbélen non seulement dit mettre fin aux manifestations dans cette partie de la capitale mais aussi  soutenir la junte au pouvoir. Laquelle est en train de subir la même fourberie que celui qu’elle a renversé. En effet, l’axe est devenu un enjeu important ces derniers temps. Une vache laitière pour certains. Mais aussi une véritable épine dans le pied des différents pouvoirs en place. Certains, se disant leaders de l’axe, promettent au pouvoir de mettre fin aux manifestations sur l’axe. Moyennant bien évidemment espèces sonnantes et trébuchantes. Et parfois des postes de responsabilité.

Moussa Dadis Camara et Alpha Condé avaient été roulés dans la farine. Des opportunistes, qui se réclamaient de l’axe et qui avaient promis de pacifier la zone, s’étaient montrés peu efficaces. Autrement, les mêmes n’auraient pas fait du fameux axe leur nouveau cheval de bataille pour se remplir les poches. Il appartient aux sociologues de produire des documents sur les causes et conséquences des violences dans cette zone agitée de la capitale. L’observateur averti peut déduire qu’il ne s’agit pas d’habiter dans cette zone pour s’autoproclamer “jeune de l’axe”. Depuis le début du cycle des manifestations et répressions dans cette zone, les manifestants en général et les victimes en particulier sont dans leur écrasante majorité des jeunes marginaux issus de familles modestes.

Ceux qui ont parlé au nom de la jeunesse de l’axe le week-end dernier à Conakry affichaient une opulence ostensible qui nargue ceux qui jettent des pierres sur la route. Cette nouvelle oligarchie pourrait difficilement convaincre les enfants qu’ils sont logés dans le même enseigne. Ils ont égrené quelques préoccupations de la jeunesse mais cela ressemble fort à un maquillage pour faire passer le message : renier le passé pour soutenir le présent. Cette situation intervient dans un contexte où plusieurs jeunes sont dans l’œil du cyclone. Certains sont portés disparus. D’autres sont condamnés.

Alors que ces jeunes ont besoin du soutien de tous les jeunes, au nom desquels ils se battent, ces derniers semblent les passer pour perte et profit. Ce qui nous rappelle Maître Abdoulaye Wade “Dis-moi quelle jeunesse tu as, je te dirai quel peuple tu feras”.

Habib Yembering Diallo