Le 8 février, l’ancien parti au pouvoir le RPG arc-en-ciel et le Bloc libéral de Faya Millimouno ont apporté leur soutien au Mouvement démocratique libéral. Ensemble, ils ont réitéré leurs appels à la libération du leader du MoDel, Aliou Bah, mais également aux autres détenus politiques: le journaliste Habib Marouane Camara, Oumar Sylla alias Foniké Mengué et Billo Bah, responsables du Front national pour la défense de la Constitution.
Le MoDel poursuit l’organisation de ses sit-ins pour réclamer la libération de son président, incarcéré pour « offense » au président de la transition, Mamadi Doumbouya. Jugé et condamné à deux ans de prison ferme par le tribunal de première instance de Kaloum, Aliou Bah attend à la Maison centrale de Conakry son proècs en appel. Mais parallèlement, son parti presse pour écourter son séjour en prison.
« Ce sit-in est une occasion pour nous de manifester notre désaccord face à l’emprisonnement injuste de notre leader, Aliou Bah. Certains croyaient nous déstabiliser, ça ne marchera pas. Que les autorités militaires et administratives sachent que, peu importe la situation, nous continuerons d’utiliser tous les moyens légaux pour obtenir sa libération », a martelé Aliou Dalein Diallo, chargé de l’implantation du parti, en marge du sit-in de ce samedi 8 février, organisé au siège du MoDel à Lambanyi.
Une indignation partagée
À l’occasion, le Mouvement démocratique libéral a bénéficié du soutien d’autres partis politiques. Faya Millimouno, président du Bloc Libéral a exprimé sa solidarité envers son ancien collaborateur, Aliou Bah. « Ce que nous vivons en ce moment est une honte. À ce stade, la Guinée devait se définir par la liberté dans toutes ses dimensions. C’est aussi une honte qu’on invoque une loi copiée-collée [offense au chef de l’État] pour condamner Aliou Bah. Où est-ce que la Guinée va ? » s’est-il interrogé. Le leader du BL dénonce un recul démocratique et plaide pour une Guinée libre: « Aucun Guinéen ne devrait mourir ou être emprisonné dans l’exercice de la liberté, parce que c’est la liberté qui nous définit. Nous faisons exactement le contraire de tout ce que nous devrions faire. »
![](https://lelynx.net/wp-content/uploads/2025/02/MoDel-3-1.jpg)
Lui-même incarcéré sous le régime d’Alpha Condé, Faya Millimouno décrit les conditions précaires de détention dans les prisons guinéennes. « Être à la Maison centrale, c’est être entre la vie et la mort. Il y a des gens là-bas dont les dossiers ont été perdus depuis belle lurette », a-t-il déploré. Le combat pour la libération des prisonniers et des disparus politiques ne doit pas s’estomper, rappelle-t-il: « Nous disons au CNRD et a son gouvernement que nous ne permettront pas que la Guinée revienne dans les ténèbres. Nous sommes attachés à la vérité et nous la dirons même si elle est considérée comme une insulte ou une offense. Je ne connais aucun pays qui s’est développé dans le mensonge.»
Une unité au-delà des clivages politiques
Moussa Kaba, délégué du RPG Arc-en-ciel, était également au sit-in pour afficher son soutien au parti MoDel. « Pour une paix durable et pour que la Guinée décolle, il faut impérativement libérer les détenus politiques. Ce pays n’a plus besoin de cela… Il faut une démocratie pour tout le peuple de Guinée », a-t-il déclaré. Il a rappelé les engagements pris par le CNRD à son arrivée au pouvoir en 2021, notamment la promesse de ne plus reproduire les erreurs du passé. « Si vous êtes venus pour corriger les erreurs du passé, alors ne les perpétuez pas. Qu’il soit leader politique, journaliste ou acteur de la société civile, personne ne devrait être en prison à cause de ses opinions », a-t-il insisté.
Rendez-vous est pris dans deux semaines, pour un autre sit-in.
Abdoulaye Bah