Dans l’émission, On fait le point, diffusée sur la RTG le 27 janvier, le Premier ministre Amadou Oury Bah a brossé divers sujets : son bilan depuis sa nomination en février 2024, la fourniture des services sociaux de base (eau, électricité, routes), la lutte contre la corruption, la restructuration de l’administration, l’organisation des élections, le dialogue politique, entre autres.

Le Premier ministre regrette que la Guinée, malgré toutes ses potentialités, soit incapable de s’électrifier suffisamment. Bah Oury promet : « Nous allons, avec l’aide de Dieu, faire en sorte que nous puissions avoir une capacité de production de 1,2 gigawatts – ce que la Guinée n’a jamais produit, avec près de 700 mégawatts d’énergie solaire ». Faute d’énergie, les sociétés minières arguent qu’elles ne peuvent pas construire des raffineries comme le demande le président de la transition. D’où le souhait d’investir dans la production et la distribution en vue d’une indépendance énergétique. Il veut également mettre fin à la subvention du secteur qui coûterait annuellement à la Guinée plus de 3 000 milliards de francs guinéens.  

La transparence de Simandou en question

Simandou est présenté par les autorités de transition comme étant le moteur du décollage économique du pays. Seulement voilà, les contrats n’ont pas été publiés. Ce qui viole le code minier qui exige la transparence de bout en bout. Bah Oury ne manque pas d’arguments. « Chaque pays défend ses intérêts et la diffusion d’informations stratégiques majeures peut porter préjudice », tente-t-il de justifier. Quid du droit à l’information du peuple ? réplique le journaliste. « Vous croyez que tout le monde veut que la Guinée s’en sorte ?  Vous croyez que tout le monde voit d’un bon œil  cette évolution  de la Guinée à travers Simandou ? Lorsque vous êtes informés d’une situation qui peut mettre en péril les intérêts de votre pays, est-ce que pour des questions de transparence, il faut que le peuple soit informé ? » interroge à son tour le Premier ministre. Le journaliste insiste sur le fait que l’absence de transparence empêcherait l’adhésion du peuple. Mais Bah Oury, visiblement inflexible, est convaincu du soutien des Guinéens au vu des réalisations sur le terrain, dont la construction de la voie ferrée. « Ce n’est pas cette volonté sournoise de croire que quelque chose est cachée derrière. Il y a des intérêts stratégiques majeurs. Est-ce qu’un gouvernement responsable va-t-il mettre sur la place publique sa stratégie nucléaire, sa stratégie industrielle dans un contexte de convoitise, de rivalité maximum ? Soyons responsables ! »

Fin avortée de la transition

Parlant du non-respect de l’accord avec la CEDEAO pour une fin de transition en décembre 2024, Bah Oury se défend : « L’homme propose, Dieu dispose ». Selon lui, la volonté politique n’a pas manqué, mais pour des raisons diverses, le départ a été pris avec beaucoup de lenteur : la coordination du Programme national du recensement administratif à vocation d’état-civil (PN-RAVEC), que le Premier ministre considère comme l’élément déclencheur du processus électoral, n’a été mise en place qu’un mois et demi après sa nomination.

Il flétrit les acteurs politiques qui pressent la junte à aller vite en se servant de l’ancien fichier électoral. Toute chose qui conduirait à la catastrophe. « Les protagonistes de cette tragédie se retrouvent ensemble pour dire utilisons ce qui a amené 200 enfants de ce pays à périr ». Seul le nouveau fichier issu du PN-RAVEC pourrait garantir des élections crédibles. « Nous ne voulons pas, que quelques années après, nous nous retrouvons dans une crise institutionnelle qui conduirait à une nouvelle transition. Il faut que les gens soient responsables », a-t-il martelé.  

Candidature de Doumbouya, fermeture de médias

L’éventuelle candidature du général Mamadi Doumbouya est sur toutes les lèvres, mais le Premier ministre Bah Oury n’a pas voulu s’étendre sur la question. « C’est la Constitution qui va définir la ligne globale des actions », a-t-il coupé court. Il dénonce tout de même la propagande des mouvements de soutien : « Je vais vous dire aussi, la culture démagogique qui a été longtemps entretenue, il faut qu’elle s’arrête. J’ai dit à l’ensemble des membres du gouvernement que la meilleure campagne, c’est d’avoir des résultats. »

Bah Oury impute aux journalistes la responsabilité de la fermeture de leurs médias. Il rappelle qu’il avait entamé une médiation, mais certains confrères auraient tout gâché. « J’ai demandé au Président, malgré sa frustration, de reconsidérer le problème pour qu’on puisse avancer. Lorsque tout a été finalisé, on leur demande de faire un texte d’auto-régulation signé par tous les acteurs. Mais certains d’entre eux ont allumé le feu.  C’est à ce niveau-là que la sanction est tombée. Ce qui n’est pas appelé à vivre va disparaitre. Il y a de nouveaux médias qui sont en train d’émerger. »  

 Ibn Adama