Mohamed Sankhon, directeur administratif et financier poursuivi avec l’ancien ministre Ibrahima Kourouma, a comparu ce lundi 10 février à la barre de la Cour de répression des infractions économiques et financières. Accusé de détournement de plus de 600 milliards de francs guineens et d’enrichissement illicite, le prévenu a nié en bloc les faits qui lui sont reprochés. 

Mohamed Sankhon balaie, d’entrée, n’être ni de près ni loin mêlé à de détournement entre 2011 et 2021: « Je n’ai jamais travaillé avec le ministre Ibrahima Kourouma,  je le voyais à la télé comme ministre de la République. C’est devant la barre ici que je l’ai rencontré ». Le juge Yacouba Conté questionne le prévenu : « Vous dites que vous n’avez jamais travaillé avec Ibrahima Kourouma alors que vous êtes poursuivi au même titre que lui pour détournement ? » Mohamed Sankhon ne varie pas : il ignore tout de la gestion antérieure à 2020, année à laquelle il a été affecté au ministère de l’Enseignement pré-universitaire. Or, Ibrahima Kourouma a dirigé l’Education de 2011 à 2017.

Après avoir manqué d’établir le lien entre ce dernier et le DAF Sankhon,  le substitut du procureur s’est rabattu sur un détournement de 53 milliards de francs guinéens en 2021, au moment où le prévenu était en fonction.  A la barre,  Mohamed Sankhon affirme avoir déposé toutes les preuves de sa gestion à la CRIEF. Même qu’il n’a pas la main dans la gestion financière. Il ne ferait que recevoir les pièces comptables, les vérifier et les valider.

Confrontations en perspectives

Concernant les 612 milliards de francs guinéeens et les 12 millions de dollars détournés selon l’accusation, Mohamed Sankhon est surpris d’en entendre parler: « Il n’y a jamais eu un tel budget au ministère de l’Education ». Selon lui, 80 % du budget du département (représentant la masse salariale) est géré par le ministère de la Fonction publique. Les 20 % restants, c’est pour le fonctionnement du département et le financement de l’organisation des examens.

Mohamed Sankhon, apparemment agacé, demande à être  confronté avec  les inspecteurs  auteurs du rapport qui l’incrimine, lui et Ibrahima Kourouma. « Ce qui est grave, c’est que les inspecteurs fassent le travail sans rencontrer l’intéressé. C’est une manière de salir l’image et de souiller l’honneur, voire briser la carrière des cadres que nous sommes », peste le prévenu. 

Les avocats de la défense estiment, qu’au cours des débats, le ministère public s’est écarté de l’ordonnance de renvoi relatif au détournement de plus de 600 milliards de francs et de 12 millions de dollars, au profit d’une justification du détournement présumé de 53 milliards de francs guineens  en 2021. « Un rapport qui a été fait de manière fantaisiste », a tancé un avocat. 

Finalement,  le juge Yacouba Conté a ordonné la comparution des inspecteurs rédacteurs du rapport à la prochaine audience du 26 février. Il a également ordonné la vérification, à la DATU (Direction de l’aménagement du territoire et de l’urbanisme), des biens d’Ibrahima Kourouma,  Mohamed Sankhon et leurs  épouses et enfants respectifs.

Mamadou Adama Diallo