Le 29 janvier, des victimes en décembre 2023 de l’explosion du dépôt d’hydrocarbures de Coronthie, dans la commune de Kaloum, ont reçu leurs titres de prise en charge alimentaire. La mesure, censée les sortir de la précarité, n’est pas sans critiques.
Chapoté par le ministère de la Promotion féminine, de l’enfance et des personnes vulnérables, à travers la Direction générale du Fonds de développement social et de l’indigence (FDSI), la mesure vise à soulager les victimes de l’explosion, il y a un an, du principal dépôt d’hydrocarbures de Coronthie (Kaloum).
Dans les prochains jours, les victimes commenceront, à en croire les organisateurs, à percevoir leurs dotations alimentaires. La composition des paquets n’est pas encore précisée. Une bonne nouvelle a priori, même si certains sinistrés restent prudents. Ils trépignent d’impatience, par peur que le projet cache des non-dits.
Crainte et scepticisme
Déjà, la cérémonie de remise des denrées, le 29 janvier, dont se gargarise le gouvernement, a été perçue par certains sinistrés comme une manipulation. « Ils ont donné des fiches d’inscription, parlent de prise en charge alimentaire. Pour le moment, les sinistrés montent et descendent, ils n’ont rien. Nous attendons de voir ce que cela va donner », réagit, sceptique, Mamoudou Cifo Kétouré, président du Comité des sinistrés des hydrocarbures de Coronthie.
Lors de la cérémonie, une autre personne a pris la parole en tant que « président de l’Association des victimes de l’incendie ». Pour Cifo Kétouré, les autorités sèment la division au sein groupe : « L’État s’est fabriqué des victimes, il a son association. C’est une stratégie de division connue. Il collabore avec ceux qui acceptent d’avaler des couleuvres, ce que nous avons refusé de faire. » Même que le porte-parole de circonstance souffrirait de légitimité : « Il n’habite pas dans la zone la plus touchée, ne connaît pas les victimes. Sa maison n’a pas été impactée. Mais il y va quand-même parce que c’est une affaire d’argent. »
Priorité à l’enquête
Une partie des victimes reste réticentes, craignant d’être expulsées. « Pour nous, on est toujours à la phase de l’enquête. Ces questions de riz, d’huile ou autre nous intéressent très peu. Nous voulons savoir comment et pourquoi les citoyens de Coronthie se sont retrouvés dans cette situation. Nous attendons toujours l’enquête. Cette étape est indispensable », ajoute Cifo Kétouré
A sa nomination, le Premier ministre avait annoncé un accord de bail-partage entre son gouvernement et les sinistrés. Selon lui, les victimes acceptaient d’évacuer temporairement les lieux, pour permettre aux autorités de reconstruire la zone. Version démentie par les victimes qui accusent les autorités de vouloir les spolier leurs terres : « On ne quitterait, pour rien au monde, une parcelle de plus d’un million d’euros pour une autre de moins de 100 millions de francs guinéens », martelait récemment une victime.
Dans la nuit du 17 au 18 décembre 2023, un incendie s’était déclenché au principal dépôt pétrolier du pays. L’explosion avait fait u moins 23 morts et une centaine de blessés, selon le bilan officiel. Plus de 2000 familles ont été impactées par la tragédie.
Yacine Diallo