Le 10 mars, Nzérékoré a été gratifié de nouveaux chefs par décret et arrêté. Le président de la délégation spéciale de la ville, Fassou Goumou, a été limogé pour faute lourde. Le gouverneur Lamine Keita et le préfet Alsény Camara ont été respectivement mutés à Mamou et à Boké. Peu avant ces décisions, le Collectif des avocats des victimes du drame du stade du 3 avril, survenu le 1er décembre dernier lors d’un tournoi de football, avait déposé une plainte contre ces autorités locales pour meurtre, homicide volontaire, coups et blessures volontaires. Une simple coïncidence ? Le décret et l’arrêté n’en font aucune liaison.

Pour Maître Christophe Labilé Koné, président de l’ONG Avocats sans frontières qui accompagne les victimes, ces limogeages et mutations ne sanctionnent nullement ces autorités locales. Selon lui, c’est plutôt une suite logique du rapport publié le 14 février dernier demandant à démettre le président de la délégation spéciale, le gouverneur et le préfet. Les autorités, insinue-t-il, savaient qu’une plainte allait être déposée contre ces administrateurs, au nom des victimes et parents de victimes au nombre de 98. Il y a « une coïncidence entre le dépôt de la plainte, le limogeage du président de la délégation spéciale de Nzérékoré et la mutation du gouverneur et du préfet », a affirmé Me Koné qui a ajouté : «  Comme par magie, c’est quelques heures après le dépôt de la plainte que ce mouvement est intervenu à Nzérékoré. Nous pouvons, de notre analyse, estimer que c’est une suite. Si cela était vrai, c’est trop tard. Parce que dans notre déclaration du 2 décembre 2024, nous avions évoqué cet état de fait. En principe, les autorités de près ou de loin impliquées dans l’organisation de ce tournoi de football à Nzérékoré devaient au moins subir des sanctions administratives préventives qui pourraient les suspendre de leurs fonctions et leur demander de se mettre à la disposition de la justice, pour que lumière soit faite sur ce qui est arrivé. Cela n’a pas été fait. Leur mutation et limogeage ne sont pas non plus une sanction qui puisse aller dans le sens de trouver solution à ce qui est arrivé ».

Me Koné précise que la plainte vise des personnes qu’ils souhaitent voir s’expliquer devant la justice sur la tragédie. On croise les doigts.

Ibn Adama