Alors qu’on n’a pas fini de se remettre des 14 km de paperasse du projet Siman-doux de Djiba Diakité, c’est au tour du ministre de l’Habitat d’amuser la galerie. Il est question de chiffres et de gestion éthique de sous publics.

Cancans à Kankan ! De séjour dans le Nabaya, dans le cadre du lancement de la campagne agro-électorale 2025-, Mory Con(.)dé n’a pas manqué d’attirer l’attention. D’abord, le ministre de l’Usure-banisme, de l’habitat et de l’aménagement du trottoire a vanté l’aide présidentielle au monde rural en affirmant sur sa page Facebook : « Le Président Mamadi Doumbouya met à disposition 115 milliards GNF pour la campagne agricole 2025. Objectifs : Accompagner 2,5 millions de producteurs agricoles et un million d’éleveurs. »

Aussitôt, des esprits mesquins ont pris la calculette pour diviser le montant de l’aide par le nombre total de personnes à aider. Résultats : chacun s’en sortirait avec un peu moins de 33 000 francs glissants ! C’est ainsi que le goubernement entend faire de l’agriculture un « levier puissant du développement » de la Guinée. À en croire Mory Con(.)dé, la campagne agricole 2025 vise, en matière de culture du coton, de « passer de 2 000 à 5 000 hectares ; de 500 kg/ha à 800 kg/ha afin de toucher plus de 6 000 producteurs. » Du lourd…comme le coton !

Mais comme campagne agricole est indissociable de celle électorale, l’hôte du Nabaya a abordé la candidature présidentielle du général Doum-bouillant. Marches de soutien aux quatre coins du bled, concerts et portraits partout…Tout ça sans le moindre kopeck de l’État ? « Dans la plupart des localités du pays, les citoyens ont dit : nous ne voulons pas d’élection. Ne gaspillez pas notre argent, il [Mamadi Doumbouya] n’a qu’à continuer à faire les routes, les hôpitaux, les écoles pour nos enfants. Mais comme nous voulons d’un pays démocratique, respectueux des droits humains, nous allons partir aux joutes électorales. Vous avez décidé que votre candidat soit le général Mamadi Doumbouya. Nous l’avons également décidé. Ensemble, nous allons travailler pour matérialiser cela lors des élections présidentielles à venir. J’ai toujours dit, lorsque nous allons ouvrir la campagne, nous n’allons pas compter sur le moindre centime de l’État guinéen pour l’élection du général Mamadi Doumbouya. Dans cette salle, vous avez des acteurs de la société civile, des opérateurs économiques, des hommes d’affaires. Nous allons mobiliser des ressources nécessaires pour faire élire notre candidat, sans aucun moyen de l’État. La preuve, toutes les fois que vous nous voyez dans le cadre des activités de soutien à l’intérieur du pays, on n’est jamais dans un véhicule administratif. Mon véhicule est garé dehors. Ceux qui me connaissent avant le 5 septembre [2021] peuvent témoigner, je l’utilise depuis plusieurs années. »

Dans la salle, quelqu’un lance : « Applaudissez ! » Ovations timides, le ministre poursuit : « C’est pour vous dire que la lutte contre la spoliation des biens de l’État engagée par le chef de l’État, la lutte contre la gabegie financière, la promotion de la bonne gouvernance que le CNRD a instaurée dans ce pays que nous-mêmes ne faisons pas objection [obstruction ?] à ce travail. »  

Ce qu’il faut retenir de cette sortie au vitriol de Mory Con(.)dé :

  • Les populations, y compris rurales, sont convaincues qu’il ne sert à rien d’aller à des élections coûteuses pipées d’avance ;
  • La campagne électorale est déjà ouverte et que le séjour du ministre à Kankan s’inscrit dans ce cadre. Pour preuve, il est allé dans son véhicule personnel ;
  • Déclarer que l’argent public ne financera pas la candidature du général Doum-bouillant, c’est déjà trop tard. Les démagogues et autres art-tristes de tout poil qui font l’éloge du Doum-bouillant et s’en tirent avec des véhicules luxueux et des sous ne diront pas le contraire.

Vif la Refondation du mensonge d’État !

Diawo Labboyah