Les 11 et 12 avril, c’était au tour de la ville de Boké d’abriter la « Marche pour l’unité et la paix ». Ainsi est dénomée une campagne déguisée en soutien à la candidature présidentielle de Mamadi Doumbouya, organisée à tour de rôle à travers le pays.

Après Kankan et Kindia en février, la pause Ramadan de mars, les autorités de la transition ont mis le cap sur Boké, en Basse-Guinée, pour organiser une nouvelle marche, disent-elles, dédiée à la paix et à la cohésion nationale. Bien que Mamadi Doumbouya ne s’est pas déclaré candidat à l’élection présidentielle, cette manifestation est en réalité une campagne éléctorale avant l’heure. Elle a pris des allures de mobilisation en faveur de la candidature du président de la transition décidé de prolonger son bail à la tête de la Guinée, contre vents et marées. Ce weekend donc, une foule a envahi les rues de la ville minière, brandissant des pancartes et arborant des t-shirts blancs ou aux couleurs nationales. « Oui à la continuité »; « Qu’il reste »; « Il reste », sont entre autres slogans brandis par les partisans de la continuité.

En amont des festivités, la Direction centrale de la police routière a ordonné dans un communiqué la fermeture de la route nationale Conakry-Boké aux poids lourds, du 10 au 13 avril. Histoire de garantir la fluidité du trafic pour les participants à la manifestation de soutien. La marche s’est déroulée dans le calme, encadrée par un important dispositif sécuritaire de la police et de la gendarmerie.

Sous la houlette des ministres Secrétaire général, le Général Amara Camara et Directeur de cabinet de la Présidence, Djiba Diakité, l’événement a rassemblé membres du gouvernement et leaders politiques alliés à la junte. Le gouvernement en a profité pour lancer les travaux de construction de la route nationale Boké-Gaoual, longue de 185 kilomètres. La pause des primières pierres, marquant le démarrage tous azimuts de chantiers, se multiplie dans le pays. À des fins électoralistes ?

De figures de l’opposition au rendez-vous

La manifestation a également été marquée par la présence remarquée de figures politiques issues de l’opposition. Parmi elles, d’anciens cadres du RPG, ancien parti au pouvoir, comme Moustapha Naité et Makanéra Kaké. Mais également des cadres de l’UFDG, Union des forces démocratiques de Guinée, le principal parti d’opposition et ses alliés: Boubacar Diallo alias « Grenade », Maladho Diallo; Cellou Baldé; mais également Diao Baldé, ancien vice-président de l’ANAD (Alliance nationale pour l’alternance démocratique), nommé récemment chef de cabinet du ministère de l’Environnement et du développement durable.

Cellou Baldé, ancien coordinateur des fédérations de l’UFDG de l’intérieur, effectuait là sa première apparition publique depuis son limosage, confirmant ainsi son rapprochement avec le régime de transition. De même que l’ex-trésorier de l’UFDG, Maladho Diallo. Tous ont d’ailleurs exprimé leur soutien indéfectible au CNRD et à la candidature de Mamadi Doumbouya à la prochaine élection présidentielle attendue courant 2025.

Côté artistique, des figures de la musique guinéenne, telles que Levi Bobo, Black M, mais aussi Singleton auteur des tubes « Doumbouya Barabalan » et « Golo-Guemè », ont harrangué la foule. Leur participation illustre, selon le ministère de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat, l’importance de la culture dans la promotion de la paix et de l’unité nationale.

Clap de fin, la clôture d’un tournoi de football doté du trophée Mohamed Lamine Sy Savané (ministre directeur de cabinet de la Primature), remporté par l’équipe du quartier Lambanyi aux tirs au but (4-3) face à Madina Kébenya. Organisée par le Bureau communal de la jeunesse de Boké, la compétition avait réuni 16 équipes issues des 15 quartiers de la commune urbaine, ainsi que du camp d’infanterie de Boké. Lancée le 1er avril, la compétition sportive est censée renforcer les liens d’amitié, d’unité et de solidarité entre les jeunes de la ville minière. Officiellement.

Abdoulaye Bah