Les affres de la Deuxième guerre mondiale avaient été si monstrueuses qu’elles avaient convaincu les Nations du monde à inventer des organismes et des mécanismes favorisant les échanges consensuels entre elles de manière à prévenir les situations conflictogènes. L’Organisation des Nations Unies (ONU) et ces Agences virent alors le jour, les unes après les autres tout au long de la décennie 1940. Outre quelques escarmouches constatées çà et là, cet échafaudage a prouvé sa résilience durant les quatre-vingt dernières années.
S’agissant en particulier du GATT (Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce), il désigne un ensemble de règles élaborées au lendemain de la deuxième Guerre mondiale pour faciliter les échanges commerciaux internationaux. Cet accord encourageait les Etats signataires à lever les freins au commerce international, notamment par la maitrise des droits de douane. A la fin du XXè siècle, le GATT se révèle de moins en moins adapté au fonctionnement du commerce international. Il est remplacé en 1995 par l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui est parvenu à demeurer un espace de concertations et de recherche de consensus pour un commerce international favorable à tous les acteurs. La logique de cette politique commerciale est que les forts n’écrasent pas les faibles et que chacun jouisse des fruits de ses efforts. Les auteurs de cette cogitation ne veulent pas noyer leur œuvre dans un capitalisme sauvage impitoyable pour les faibles. Et chacun joue le jeu. Super puissances et Etats faible ont les mêmes avantages et contraintes. Certains Etats font même montre de générosité. C’est le cas des Etats-Unis dont le gouvernement promulgue en 2 000 la loi sur la Croissance et les opportunités économiques en Afrique subsaharienne (AGOA). Cette loi abroge les droits de douanes sur une foultitude de biens importés des Etats africains signataires.
Cette construction savamment et patiemment édifiée, Donald Trump s’évertue ces temps-ci à la chambouler, démanteler et détricoter. A tour de bras, hors de tout cadre de concertation, de façon discriminatoire, il distribue des droits de douanes aux différents Etats du monde. C’est le triomphe de la force. La Chine est la plus sévèrement sanctionnée. Des Etats africains tels que la Côte D’Ivoire, le Lesotho, l’Afrique du Sud, etc. sont lourdement frappés.
Au lendemain de l’entrée en vigueur de ces droits de douanes, le secteur financier entre en transe. Les grandes places boursières du monde plongent. Le dollar se déprécie et perd de sa valeur de monnaie refuge. Les gens s’en détournent et préfèrent l’Or. Le marché obligataire s’affole. L’orage qui pointe à l’horizon est porteur d’une crise économique à laquelle personne ne peut échapper. Le danger n’échappe pas à Trump, qui rétropédale aussitôt. Ah le matamore ! ses biceps se sont promptement avachis. Il suspend pour 3 mois encore l’application de ces droits de douanes, mais frappe la Chine seule d’un taux de 145%. D’ores et déjà, les Etats, petits et grands, cherchent à échapper à l’épée de Damoclès. Par les négociations, les représailles ou la délocalisation des activités de production. La Chine envisage de délocaliser des industries en faveur des voisins. La planète retient son souffle.
Abraham Kayoko Doré