Depuis quelques mois, le torchon brûle entre les occupants du marché Bantounka 1(Cosa) et la mairie de Lambanyi. Ils accusent les administrateurs du marché et le maire Fafa M’Bira Manè d’avoir vendu leur lieu de commerce à un tiers. Le 15 avril était le délai donné aux commerçants pour quitter les lieux, qu’ils occupent, pour certains, depuis plus de 30 ans.
Dans l’après-midi du 16 avril, à la grande surprise, les commerçants se sont massivement mobilisés pour savourer « l’annulation du bail ». Dans une ambiance festive, munis de pancartes, avec chants et slogans, ils ont salué « l’implication personnelle du chef de l’État » dans ce qu’ils considèrent comme une « victoire populaire ». Ils ont exprimé leur reconnaissance au prési de la transition, le général Mamadi Doum-bouillant, à qui ils avaient demandé de l’aide.
Mais, Fafa M’Bira Manè, au bout du fil, a confié qu’il n’a pas eu vent de la nouvelle. « C’est avec vous la presse j’ai appris que le bail du marché Bantounka 1 a été annulé. Ce bail est héréditaire, je l’ai trouvé en place. Mais donnons le temps aux moutons de s’agiter. Au moment venu, nous leur répondrons », a-t-il affirmé dans la soirée du 17 avril.
Le vendredi 18 avril, au marché Bantounka 1, les commerçants vaquaient à leurs occupations, malgré la fermeture de la plupart des boutiques et magasins. Ibrahima Diallo, porte-voix du collectif des commerçants affirme que le maire est dans une position de faiblesse. « Le maire ne va jamais reconnaitre face à la presse que ce bail a été annulé, mais quand les autorités compétentes feront sortir la décision, il sera dans l’obligation de l’admettre. Pour moi, il est dans une position de faiblesse. Il a pris assez d’argent avec le bailleur, donc il ne peut pas l’admettre si facilement. D’ailleurs M. Manè est dans de beaux draps. Sinon, comment le 15 avril peut passer sans qu’on nous déguerpisse ? », lâche-t-il.
A la question de savoir si cette annulation de bail a été faite suite à une décision du MATD, Ibrahima Diallo répond : « Nous sommes sortis le mercredi 16 avril, pour célébrer notre victoire, parce que tout semble croire que le Président de la République a entendu notre cri de cœur. Ce prétendu bail du marché était irrégulier, conclu sans l’aval des autorités compétentes. Le maire n’était même pas présent lors de sa signature et aucune information n’avait été officiellement communiquée. C’était un accord entre copains, à l’écart des procédures légales. Certes, aucune décision n’est sortie, mais c’est en cours. Les autorités compétentes nous ont rassurés, car personne ne peut nous déranger dans notre marché », a-t-il conclu.
Pour sa part, l’administrateur du marché, Bah Abdourahmane n’a pas été loquace. Au bout du fil, il a confié : « Je n’ai rien à dire par rapport à ce sujet. Mais ce que je peux vous rassurer, c’est que le mouvement de soutien que ces commerçants ont mis en place n’a rien à voir avec le bail du marché », a-t-il tranché.
En attendant la décision des autorités de l’Urbanisme et de l’Habitat, entre autres, les commerçants continuent de crier haut et fort avoir obtenu gain de cause. Pourvu que cela ne soit pas un calme avant la tempête.
Kadiatou Diallo