Dans quelques semaines, les premières pluies vont arroser Conakry, notre capitale qui peine à retrouver son lustre d’antan. En dépit des différentes réformes et mesures entreprises par les gouvernements de nos différentes républiques, la problématique de l’assainissement de la capitale et des villes de l’intérieur du pays reste toujours d’actualité. Il serait judicieux d’envisager sans attendre, des mesures pour prévenir les inondations que pourraient causer les trombes d’eau, qui vont se déverser sur la capitale et ses environs.
Faut-il le rappeler et le souligner, la ville de Conakry s’est développée sans que les mesures d’accompagnement en termes d’équipement ne soient programmées. Cet ancien comptoir colonial transformé en agglomération s’est développé de façon anarchique. Ce changement a eu de profondes répercussions sur l’environnement et la santé : les populations n’ont pas accès aux services de base tels que l’eau, l’éducation, l’assainissement, l’élimination des ordures ménagères, etc. Ces derniers représentent aujourd’hui un défi majeur pour la ville de Conakry, où l’on trouve des montagnes d’ordures sur de nombreux dépotoirs à ciel ouvert non évacués.
Curieusement, Les montagnes d’immondices jonchant les rues, les places publiques et les devantures des maisons, les eaux usées aux odeurs fétides s’écoulant des égouts, ou stagnant dans les caniveaux à ciel ouvert, rarement curés offrent une image répugnante de notre capitale. Un spectacle quotidien, qui n’honore nullement les autorités et les citoyens, qui semblent être débordés par cette situation.
Contrairement à des pays comme le Rwanda, le Sénégal et le Burkina entre autres, depuis des lustres, nous sommes incapables de concevoir et de mettre en œuvre une véritable stratégie, pour créer dans notre capitale un cadre de vie décent. Nous nous sommes habitués hélas à vivre dans une insalubrité ambiante, dans une indifférence déconcertante. Comme pour dire que la citoyenneté n’est plus de mise chez nous !
Il est loisible constater de nos jours, qu’en dépit de quelques mesures prises par nos autorités, il y a encore beaucoup à faire pour rendre à Conakry son visage de « Perle de l’Afrique de l’Ouest ». Dans un premier temps, l’on s’est réjoui de la publication le 9 mars 2022 du décret D/2022/0137/SGG portant Création, Organisation et Attributions de l’Agence Nationale d’Assainissement et de la Salubrité publique, qui devrait en principe régler en grande partie la maîtrise et la résolution des problèmes induits par la production des ordures ménagères.
La mise en place de cette Agence n’ayant pas été suivie par non seulement son manque de dotation en équipements suffisants et d’un budget conséquent, et la non formalisation de ses relations avec les ministères impliqués dans les questions d’environnement, les résultats escomptés n’ont guère été obtenus sur le terrain. Même si depuis le mois de janvier dernier, nos autorités ont décidé de confier à chaque commune la gestion des ordures issues des quartiers relevant de leur ressort. Si ce transfert de compétence n’est pas suivi d’une dotation financière avec une logistique conséquente, le fameux slogan « Conakry ville propre » ne serait qu’un vœu pieux !
Thierno Saïdou Diakité