Le procès de Mohamed Diané s’est poursuivi le 22 mai devant la Chambre des appels de la Cour de répression des infractions économiques et financières. L’audience a été consacrée aux dépositions des personnes réclamant des biens attribués à Mohamed Diané.
A l’audience du 8 mai, la Cour avait ordonné la comparution de Faya Clément Tolno de la direction de l’Aménagement du territoire et de l’urbanisme, du représentant de la société Diawné et frère, de la Sogefel. Le premier fait partie des personnes ayant identifié les biens du prévenu, Mohamed Diané, les deux autres réclament respectivement la paternité d’un domaine industriel à Kankan, d’un immeuble à Kaloum et de deux parcelles à Nongo.
L’ingénieur, Faya Clément Tolno, a brillé par son absence. Selon le pro-crieur spécial, Aly Touré, celui-ci s’est absenté parce qu’il n’a pas été autorisé par sa hiérarchie de comparaître : « Ils exigent une notification officielle avant de le laisser venir. Nous allons rapidement faire les diligences nécessaires, pour régler ce point », a déclaré le pro-crieur. Mais la défense est convaincue que l’intéressé se cherche des excuses : « Il ne veut pas venir, parce qu’il a mal fait son travail », lance Me Sidiki Bérété.
Dans la liste des biens de Mohamed Diané saisis par la justice, figure un domaine industriel dans la ville de Kankan avoisinant les 4 hectares. Le prévenu réfute toute paternité de ce lopin de terre. Il affirme l’avoir vendu depuis 2018. Ce jeudi 22 mai, le représentant de la société Diawné et frère l’a confirmé à la barre : « Le domaine a été acquis en 2018 par Mohamed Diawné, un des associés gérant de la société Diawné et frères. La vente s’est faite devant notaire, à hauteur de 2 milliards 350 millions de francs guinéens. C’était un domaine agricole, nous l’avons transformé en domaine industriel », explique Ibrahima Diawné, un des responsables de la société. Il demande à la Cour de sortir ce domaine des biens du prévenu : « Nous venons faire comprendre à la Cour que le domaine appartient à la famille Diawné. Nous avons fait un prêt à Vista Bank et Afriland first Bank, pour le viabiliser et l’étendre. »
Sékou Kaké, patron de l’entreprise de BTP, Sogefel, réclame l’immeuble N’nah Fanta Kaké, situé au quartier Almamya, dans la commune de Kaloum, que les enquêteurs attribuent à Mohamed Diané : « Le terrain appartient à l’État. En 2012, il n’y avait que des kiosques et des baraques. J’ai signé un bail avec l’État, pour 60 ans. J’y ai construit un immeuble de 8 étages avec un prêt de dix milliards de francs guinéens à la Banque populaire maroco-guinéenne. » L’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués a déjà mis aux enchères les biens saisis de Mohamed Diané. Sékou Kaké promet de s’opposer : « J’ai obtenu cet immeuble, grâce à mon travail. Je ne vais jamais accepter qu’on me le dépossède. Je défendrai ce bail jusqu’à mon dernier souffle », a déclaré Sékou Kaké.
Le mystère public et la partie civile ont sollicité des responsables de ces sociétés, la communication de leurs numéros de comptes bancaires et les états financiers. Ce, pour leur permettre de vérifier s’ils sont en mesure d’acquérir de tels biens. La demande est rejetée par la Cour. L’affaire est renvoyée au 12 juin prochain, pour la comparution de Faya Clément Tolno.
Yacine Diallo