La chambre des appels de la Cour de répression des infractions économiques et financières a rendu sa décision dans le dossier opposant l’Etat guinéen à Amadou Dama-ronron Camara, Kim et Michel Kamano. L’ex prési de l’Assemblée nationale est condamné à 3 ans et 6 mois de gnouf, Kim, le Taïwanais, est renvoyé des fins de la poursuite. Défense et partie civile rejettent la décision.

Amadou Dama-ronron Camara devra encore patienter avant de sortir de taule. Lui qui espérait se faire libérer à l’issue de son procès en appel, se voit condamné à 3 ans et 6 mois d’emprisonnement et au paiement d’une amende de 5 millions de francs guinéens. Le juge Daye Mara a infirmé partiellement la décision rendue en première instance, ayant condamné le prévenu à 4 ans de prison. Il l’a déclaré coupable des infractions de détournement de deniers publics et de corruption, avant de réduire sa peine de 6 mois. Amadou Dama-ronron est censé donc finir de purger sa peine à la fin septembre prochain. Le juge ordonne la mainlevée sur les biens saisis de Dama-ronron, dans le cadre de cette procédure judiciaire.

Michel Kamano, le grand perdant

Daye Mara confirme la condamnation, par défaut, du prévenu, Michel Kamano à 5 ans de prison et au paiement d’une amende de 10 millions de francs glissants. Il décerne un mandat d’arrêt contre lui et maintient la confiscation de tous ses biens au profit de l’État : 15 parcelles à Dabompa, une plantation de 16 hectares à Kissidougou, une plantation de 50 hectares à Mambia dans Kindia, 2 parcelles à Manéyah,

Le juge réforme également le jugement attaqué dans son volet action civile. Il condamne l’ancien prési de l’Assemblée nationale au paiement d’un milliard de francs glissants à titre de dommages et intérêts. Michel Kamano, lui, est condamné, à titre de dommages et intérêts, au paiement de cinq milliards de francs glissants.

Par contre, Daye Mara renvoie le prévenu Kim des fins de la poursuite pour délits de corruption et de détournement de deniers publics non constitués à son égard. Le Taiwanais qui n’était déjà pas détenu, est lavé de tout soupçon.

Réaction des parties

La décision de la chambre des appels de la Crief ne satisfait ni la partie civile ni la défense : « C’est une mauvaise décision, nous allons faire le pourvoi », s’exclame maître Amadou Babaen Camara, avocat (sans vinaigrette) de l’Agent judiciaire de l’Etat. Maître Lancei 3 Doumbouya, lui, estime que le droit n’a pas été dit : « Nous sommes surpris par cette décision. Nous ne pouvons pas nous en réjouir parce que notre client a démontré que les faits articulés contre lui ne tiennent pas la route. Aucune condamnation ne devait intervenir à son égard. » Il annonce que la défense va se pourvoir en cassation : « Nous le ferons, parce que le droit être dit dans ce dossier… Si une telle décision demeure dans les annales de l’histoire judiciaire de la Guinée, ce sera une honte pour tous les professionnels du droit », conclut Me Lanceï 3 Doumbouya.

Amadou Dama-ronron Camara, Kim et Michel Kamano sont jugés pour avoir, selon l’Agent judiciaire de l’Etat et le parquet spécial près la CRIEF, détourné 15 milliards de francs glissants destinés à la construction du nouveau siège de l’Assemblée nationale. Les prévenus ont, durant tout le long de leurs procès, en instance comme en appel, rejeté ces accusations. Dama-ronron a expliqué avoir utilisé le fric, pour viabiliser le site devant abriter le siège de l’institution et pour payer les primes des dépités.

Yacine Diallo