La Guinée s’est distinguée lors de la 34e édition de la Grande dictée internationale PGL (Paul Gérin-Lajoie), le 18 mai à Montréal, au Canada. Le pays a été représenté par deux élèves de 6e année, Mohamed Traoré et Fatoumata Barry, arrivés respectivement premier et troisième de la compétition.
Créée en 1991 par la Fondation Paul Gérin-Lajoie (du nom d’un avocat, homme politique et philanthrope québécois), la Dictée PGL est un projet éducatif international visant à sensibiliser les élèves, de manière ludique, aux enjeux mondiaux (coopération, respect, développement durable, accès à l’éducation, etc.), à renforcer leur maîtrise de la langue française. Chaque année, la compétition se termine par une grande finale internationale qui réunit les meilleurs élèves de 5e et 6e année, venus des quatre coints du globe.
La participation de la Guinée, la deuxième fois consécutive, a été coordonnée par l’AGEP (Association guinéenne des écoles privées). Cette fois-ci, ça a été le coup de maître. Bella Bah, secrétaire chargé des projets éducatifs de l’AGEP, pilote du programme, revient sur l’admission de la Guinée au concours : « Nous avons noué un partenariat pour remettre la Guinée sur la scène éducative internationale. L’année dernière, au Québec, nous n’avions remporté aucun prix. Cette fois-ci, nous avons anticipé la sélection nationale, organisée dès février, avec plus de 140 000 élèves de CM1 et CM2. Mohamed et Fatoumata ont commis le moins de fautes et se sont qualifiés brillamment. »
Une préparation rigoureuse
Une préparation rigoureuse a été mise en place en amont de la finale : plus de deux mois de formation intensive, avec une centaine d’exercices de dictées. Ibrahima Sow, éducateur au groupe scolaire Les Écureuils (école d’origine de Mohamed Traoré), décrit le processus : « Nous avons divisé la préparation en trois phases : d’abord, une phase de découverte avec plus de 112 dictées classiques. Ensuite, l’approfondissement, avec des dictées audios pour s’habituer à l’accent québécois, et des vidéos projetées des finales passées. Enfin, une phase d’immersion : bien qu’à Conakry, nous les avons « transportés » virtuellement au Canada pour qu’ils se familiarisent avec l’environnement de la finale. »

Le thème de l’édition 2025 de la Dictée PGL portait sur les métiers. La Fondation PGL a fourni aux délégations des outils pédagogiques adaptés pour accompagner l’apprentissage.
Dans leurs établissements respectifs, Mohamed et Fatoumata étaient déjà considérés comme des élèves exceptionnels. Esther Ogunbiyi Dioubaté, directrice générale de La Lumière, salue le sacre du mérite, la transparence tout au long du processus de sélection et du succès de sa protégée : « Fatoumata est un modèle pour ses camarades. Elle est studieuse, rigoureuse, et mérite amplement cette reconnaissance. Ce résultat montre que le travail paie. La dictée est un outil complet d’apprentissage du français, et nous encourageons nos élèves à lire régulièrement pour enrichir leur vocabulaire. »
Accueil triomphal
La logistique de la finale, assurée par la Fondation PGL, a été bien orchestrée malgré quelques imprévus: changement de salle de l’Université du Québec à Montréal, la maladie de Fatoumata Barry la veille de l’épreuve… Abdoulaye Telly Sow, chef de la délégation guinéenne, a souligné l’importance de la préparation mentale : « Le choc culturel peut être déstabilisant. Pour cela, nous avons encouragé le contact avec les autres délégations, à travers des sorties organisées, afin d’éliminer les complexes et de créer un esprit de camaraderie. »

Les billets d’avion des candidats ont été pris en charge par un sponsor privé, mais certains regrettent le manque de soutien financier du gouverment. Telly Sow nuance : « Certes, il n’y a pas eu de soutien financier, mais le ministère a joué un rôle déterminant dans l’organisation de la compétition nationale et pour l’accueil à l’aéroport. »
De retour à Conakry le 22 mai, les deux lauréats ont été chaleureusement accueillis à l’aéroport par les représentants de l’AGEP et des cadres du ministère de l’Enseignement pé-université. Bella Bah lance un appel aux autorités : « Il ne faut pas que ces enfants soient perçus uniquement comme des trophées. Nous espérons un accompagnement durable : des bourses d’études, une reconnaissance nationale. Pourquoi ne pas décréter une Journée nationale de la dictée en Guinée ? Ce serait une façon de promouvoir la lecture et l’écriture, et d’encourager les jeunes à viser l’excellence. »

Abdoulaye Bah