Le 21 avril, un peu partout à travers l’arrière-bled, les bouffe-la-craie se sont mobilisés, sous la bannière du Mouvement national des enseignants de Guinée, pour célébrer les « acquis du CNRD ». Mais la présence à la fête de certains syndicaleux fait rougir le monde syndical.

 La candidature de Mamadi Doum-bouillant à la prochaine sélection présidentielle n’est désormais qu’un secret de Polichinelle. Ses soutiens, les pontes du CNRD en tête, sillonnent les buissons du bled, pour mendier le soutien du populo à la continuité. Les couches socioprofessionnelles prêtent allégeance, une par une, au nouveau maître de la Guinée. Les bouffe-la-craie l’ont fait le 21 avril, avec la bénédiction de l’intersyndicale de l’Education. SLECG, SNE, FSPE, tous sont allés au Palais du peuple pour applaudir « les prouesses » du CNRD et de son Prési. Cet appui a fait les choux gras de la presse et de la toile. Abdoulaye Barry, secrétaire gênant de la Fédération syndicale autonome des télécommunications (FESATEL) a fustigé le comportement : « Nous sommes apolitiques selon les dispositions du Code du Travail, en son article 323.5. Un syndicaliste doit être indépendant de tout ce qui est campagne politique et autres. Nous ne devons pas prendre position, nous devons être neutres. Nous sommes-là pour défendre les travailleurs et c’est cela notre force. » Selon lui, il n’existe certes pas de lois interdisant à un syndicaleux de faire la politique, mais à condition que celui-ci s’éloigne de la vie syndicale : « Si un syndicaliste veut le faire, la loi ne l’interdit pas. Mais l’intéressé doit suspendre son mandat syndical, avant de se consacrer aux activités politiques. Il pourra revenir et réintégrer le mouvement syndical quand il voudra. C’est la loi qui l’autorise, mais on ne peut pas faire les deux à la fois. »

Abdoulaye Barry demande à Aboubacar Soumah le rebelle, Michel Pépé Ballamou et autres à ne pas marcher sur les intérêts des syndiqués : « J’invite les camarades à revenir à la raison, à comprendre aujourd’hui notre force et à faire passer la défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs.» Le syndicaleux de rappeler qu’il n’y a que le partenariat qui les lie : « Nous ne sommes pas ennemis aux employeurs, notamment le gouvernement, mais des partenaires sociaux. Nous ne dépendons pas d’eux. C’est pourquoi, nous ne devons pas nous associer aux activités politiques qui les concernent. Nous devons être là pour notre activité professionnelle en tant que syndicalistes. »

Pas certain que sa sortie tombe dans de bonnes oreilles. Les syndicaleux indexés faisaient encore ami-ami avec le CNRD lors de la célébration de la Journée internationale du Travail le 1er mai.

Yacine Diallo