Dans la soirée du 7 juillet, deux personnes ont été tuées par « balle » à la Carrière-Cité, dans la commune de Matam. Des agents des Forces de défense et de sécurité sont pointés du doigt. Les familles des victimes exigent de l’Etat des dispositions.
C’est sur la transversale numéro1 (T1), que le drame a eu lieu. Vers 18 heures lundi 7 juillet, des jeunes en colère auraient attaqué le cortège d’un officier de l’armée guinéenne de passage sur la zone, par des jets de pierre. D’après les témoignages, les gardes corps de l’officier ont immédiatement répliqué. Ils ont ouvert le feu, tuant deux jeunes : Mamadou Aliou Diallo et M’mah Hawa Sylla.
Ousmane Bah, conducteur de taxi-moto, dit être témoin des circonstances dans lesquelles les deux ont été assassinés. « Ces jeunes ont été tués devant moi, la fille n’était pas manifestante. Elle rentrait du boulot, quand elle a été touchée par balle. Le jeune, lui, était dans le mouvement de ses camarades. Dans le but d’échapper aux agents qu’il a reçu une balle et rendu l’âme sur place », explique le motard.
Dans les deux familles des victimes, c’est la consternation. Des amis des défunts, proches et voisins, sont sous le choc. M’mah Hawa Sylla, 19 ans et est coutrière, elle est morte la première.
Entouré de ces proches, Amara Sylla, l’oncle de M’mah Hawa, confirme le témoignage du motard. « Lorsque le cortège d’un chef d’état-major est venu, les gens se sont attaqués à lui avec des jets de pierre. Directement, ses gardes ont ouvert le feu. C’est dans ces échanges qu’ils ont tiré sur notre fille. Quand nous nous sommes rendus sur place, je l’ai trouvée couchée, elle était entre la vie et la mort ». Il ajoute que M’mah Hawa Sylla a été envoyée à l’hôpital Jean-Paul 2 de Ratoma. « Arrivé là-bas, ils nous dit d’aller en ville. Malheureusement, elle est morte avant d’arriver à Igance Deen », déplore Amara Sylla qui lance un appel : « Nous demandons à l’État de prendre des dispositions face à ces cas de mort. Rien que dans notre entourage ici, on a enregistré plus de 50 morts en 10 ans ».

La deuxième victime s’appelle Mamadou Aliou Diallo. Il était vitrier de profession et était aussi âgé de 19 ans. Contrairement au témoignage du taxi-motard, le défunt n’était pas parmi des jeunes ayant attaqué le cortège. Il a été assassiné, selon son oncle, quand il faisait le taxi-moto. « C’est un apprenti, mais après son boulot, il profite, pour faire le taxi-moto, afin de subvenir à ses besoins. Après avoir déposé une de ses clientes, il a trouvé ce trouble et a tenté de courir. C’est dans la débandade qu’il a reçu une balle au cou, avant de tomber. Avant d’arriver à l’Hôpital Jean Paul 2, il était mort ». La Brigade de recherche (BR) de Matam s’est rendue dans les familles, pour démarrer son enquête.
Au moment où nous allions sous presse, les corps des deux victimes se trouvent à la morgue de l’hôpital Ignace Deen.
Souleymane Bah