En froid avec Guinea Alumina Corporation (GAC), les autorités de la transition ont décidé de résilier la convention de base liant cette société à l’Etat guinéen. La filiale d’Emirates Global Aluminium (EGA) paie notamment pour n’avoir pas construit une raffinerie d’alumine en Guinée.
Entre le Comité national du rassemblement pour le développement et Guinea Alumina Corporation, l’idylle laisse la place au bras de fer. Les militaires au pouvoir ont mis leur menace à exécution en résiliant purement et simplement le contrat de la société émiratie. Celle-ci était déjà dans le viseur du CNRD. Mais l’affaire a éclaté au grand public, quand GAC a été sommée, en mai dernier, par le ministre secrétaire général de la Présidence de la République, général Amara Camara, de respecter ses engagements, faute de quoi, des sanctions allaient tomber : « GAC, conformément à sa convention de base, devait développer une raffinerie ici en Guinée. Vingt ans après, il n’y a rien. Rien du tout… Notre bauxite est extraite ici, mais c’est ailleurs qu’elle est transformée. Aucun Guinéen ne travaille dans cette raffinerie », avait –il déclaré en mai dernier, lors d’une conférence de presse.
Les autorités guinéennes passent finalement à la vitesse supérieure : Emirates Global Aluminium (EGA) et sa filiale Guinea Alumina Corporation n’ont désormais plus le droit d’exercer en Guinée. EGA confirme cette information, mais déclare que la Guinée ne lui a fourni aucune justification : « C’est avec regret que je vous annonce que le gouvernement de Guinée a déclaré sans justification la résiliation de la convention de base conclue entre GAC et la République de Guinée. A ce stade, nous ne disposons pas d’informations supplémentaires sur les mesures concrètes du gouvernement. Nous allons désormais procéder à la fermeture responsable et prudente de nos opérations au cours de la période à venir », explique Steeve Tremblay, chef de la direction de GAC.
Des emplois perdus
Quand les ennuis ont commencé pour GAC en début d’année, la société a mis certains de ses travailleurs en congé. Désormais, ce sont plus de 2 000 travailleurs qui vont certainement perdre leur emploi. Les responsables de la société minière auraient déjà intimé à leurs employés de rester à la maison. Le temps pour eux de ficeler, avec le syndicat, les contours d’une séparation à l’amiable : « Les pertes d’emplois qui en découlent ainsi que le manque à gagner pour l’économie guinéenne sont profondément regrettables… Nous avons maintenu les effectifs de GAC dans des circonstances difficiles aussi longtemps que possible. Notre priorité a été d’honorer notre engagement économique et social envers nos collaborateurs, leurs familles et la République de Guinée », ajoute Abdul Nasser Bin Kalban, directeur général d’EGA. Selon une source qui a requis l’anonymat, GAC et le syndicat des travailleurs pourraient « trouver une solution dans les trois prochaines semaines ».
Suite judiciaire
Après ce rebondissement, Guinea Alumina Corporation ne compte pas courber l’échine. Il va défendre ses intérêts devant les juridictions internationales : « GAC et EGA entendent défendre leurs droits devant les tribunaux internationaux compétents et obtenir réparation pour les préjudices subis ». La société fait remarquer qu’à « l’automne 2024, le gouvernement a illégalement bloqué les opérations d’EGA et de GAC en Guinée. » Toute chose qui aurait entraîné la suspension des exportations de bauxite et le blocage de « l’accès de GAC au réseau ferroviaire partagé » avec la CBG.
En Guinée depuis 2001, GAC exploite une concession minière de 690 kilomètres carrés dans la région de Boké.
Yacine Diallo