Depuis des semaines, une crise de farine frappe la Guinée. Ce qui entraîne une hausse vertigineuse du prix de la farine. Le sac qui se négociait à 380 mille est à 600 mille francs glissants dans maints coins de l’arrière-bled. Le mystère du Commerce, de l’industrie et des PME annonce le début du débarquement de plusieurs tonnes de blé. Il met en garde et promet des sanctions à tout commerçant qui augmenterait le prix.
Après la crise du ciment qui a paralysé en juin dernier des chantiers, une autre pénurie éclate en Guinée. Depuis plusieurs jours, les magasins de vente de farine à Cona-cris et provinces sont vides. La crise a conduit à la hausse des prix du produit. A Cona-cris, le sac de farine de 50 kg se vendait à 350 mille francs glissants, il se négocie désormais à 370 000 Fg. «Cela fait un mois que je n’ai aucun sac de farine dans mon magasin. Actuellement, le sac se vend entre 360 et 370 mille francs guinéens, si on en trouve», déclare sous anonymat, un vendeur à la cité Enco5, dans la commune de Lambanyi. Pour lui, un navire qui débarquerait du matériel du projet Simandou ferait attendre les autres chalutiers. « Des fournisseurs m’ont dit que la crise serait liée au projet Simandou. Le bateau qui a chargé du blé est déjà au port, mais le problème, c’est au niveau du débarquement du blé. On privilégierait le débarquement des matériels liés au projet Simandou», rapporte-t-il. «C’est notre activité, nous n’avons aucune autre source de revenu. Nous lançons un appel aux autorités, pour trouver une solution idoine».
Dans la commune de Matoto, un grossiste ayant aussi requis l’anonymat, dit avoir de la farine, mais que le prix n’a pas varié chez lui. «Pour le moment, je n’ai pas de rupture. Tout le temps, j’ai de la marchandise, si petite soit-elle et je n’ai pas augmenté le prix. Sauf que, je n’obtiens plus la quantité dont j’ai besoin comme avant».
Flambée des prix à l’arrière-pays
Dans l’arrière-bled, le prix du sac de farine monte en flèche. A Kindia, Mamou, Kankan et Nzérékoré, la denrée se raréfie dans les magasins. Alpha Oumar Sacko, le prési de l’Union des boulangers et pâtissiers de Guinée confirme la hausse. «Il y a une crise dans tout le pays. Actuellement à Kankan, Nzérékoré tout comme Mamou, le sac de farine se négocie à 600 000fg. Avant, le prix d’un sac, y compris son transport, était de 370 000 à 380 000fg à l’intérieur du pays». Pour éviter la pénurie, le porte-voix des boulangers et pâtissiers dit avoir pourtant alerté le goubernement. «Nous avions prévenu le Premier ministre, les ministères du Commerce et de l’Artisanat. Nous leur avons adressé une correspondance pour qu’ils prennent leur responsabilité, afin que le bateau chargé du blé, débarque son produit», déclare-t-il. Selon lui, le hic se trouve au Port auto-norme de Cona-cris. «C’est au niveau du débarquement du blé au port qu’il y a problème. Chaque fois, ils font monter le bateau afin de le décharger, mais ils le décalent». Il appelle les boulangers à ne pas augmenter le prix du pain. «Je demande aux boulangers de rester calmes, s’ils ont de la farine, qu’ils travaillent et vendent au prix habituel le pain. Donc, d’avoir pitié des consommateurs, parce que ce ne sont pas eux qui ont causé la crise».
Réaction du mystère du Commerce
Dans un communiqué du 24 juillet, le mystère du Commerce, de l’industrie, des petites et moyennes entreprises a haussé le ton. Il dément les arguments des vendeurs, selon lesquels la crise serait de privilégier d’autres navires contre celui chargé du blé. Pour le mystère, cette pénurie résulte d’un ralentissement temporaire des opérations de déchargement du blé et des additifs au Port autonome de Cona-cris (PAC). La disette est «due à des difficultés logistiques accrues liées aux fortes précipitations saisonnières», ajoute le département. Il estime que la contrainte conjoncturelle ne saurait en aucun cas justifier «une spéculation sur les stocks disponibles encore transformables en pain». Le mystère appelle à la responsabilité et la solidarité de tous les acteurs de la filière «en vue de maintenir la stabilité des prix sur le marché». Il invite les producteurs et transporteurs à résoudre le «déficit momentané constaté.»
Des sanctions contre les fautifs
Le mystère se dit déterminé à appliquer la loi contre ceux qui augmentent le prix. «Toute tentative de spéculation ou de hausse non autorisée des prix sera sévèrement sanctionnée conformément à la réglementation en vigueur», mentionne le communiqué. Les autorités administratives: gouverneurs, préfets, sous-préfets, inspecteurs, dirlo préfectoral du commerce sont invités à veiller strictement au respect du prix officiel et intensifier les opérations de contrôle sur le terrain.
Dans la journée du 24 juillet, le chef de Cabinet du mystère du Commerce a conduit une mission de terrain. Histoire, selon le département, de «constater de visu le débarquement d’un important stock de 32 000 tonnes de blé, destiné à approvisionner les unités industrielles de production de farine et à garantir une distribution régulière et à prix stable du pain sur l’ensemble du territoire national. À ce jour, 26 000 tonnes ont déjà été débarquées et sont en cours d’acheminement vers les différentes unités de transformation», peut-on lire sur la page Facebook du mystère. La dynamique, selon le département, permettra de relancer rapidement la production de farine et de répondre efficacement à la demande nationale. Ainsi, choit-il !
Souleymane Bah