9 juillet 2024-9 juillet 2025. Un an, jour pour jour, depuis l’enlèvement de deux leaders du Front National pour la Défense de la Constitution (FNDC), Oumar Sylla dit Foniké Menguè et Mamadou Billo Bah. Mardi 8 juillet, leurs avocats français, Me William Bourdon et Me Vincent Brengarth, ont publié une déclaration. Ils dénoncent une « inertie fautive » des autorités.
Enlevés dans la nuit du 9 juillet 2024 à Conakry par des agents assimilés à l’unité des Forces spéciales et à la gendarmerie nationale, les deux activistes du FNDC sont introuvables depuis une année entière.
Dans leur communiqué, les avocats pointent du doigt l’absence d’enquête sérieuse depuis l’annonce faite en juillet 2024 du procureur général près la Cour d’appel de Conakry ayant instruit l’ouverture d’enquêtes approfondies auprès des parquets d’instance. « Aucune enquête effective n’a été menée à date et ce malgré les très nombreuses dénonciations des organisations des droits de l’Homme», regrettent les avocats de Hawadjan Doukouré (épouse de Foniké Menguè) et d’Assiatou Bah (épouse de Billo Bah).
Dans le document, les avocats dénoncent aussi un « silence assourdissant » de la part des autorités françaises, auparavant plus promptes à réagir aux violations des droits humains en Guinée notamment au temps d’Alpha Condé : « L’inertie des autorités guinéennes ne peut se comprendre autrement que comme une volonté délibérée de ne pas faire la lumière sur ces faits de nature à impliquer directement et lourdement les autorités », écrivent-ils.

Me William Bourdon et Me Vincent Brengarth soulignent aussi que depuis l’enlèvement des leaders du FNDC, les violences ciblant les opposants ou voix critiques de la Transition se poursuivent. Ils évoquent notamment le cas le plus récent concernant l’ancien bâtonnier Me Mohamed Traoré, victime lui aussi d’un enlèvement et de violences, bien que ce dernier ait été relaxé par ses ravisseurs. Les avocats ont renouvelé leur appel à la Cour pénale internationale (CPI) et exhorté les autorités françaises à ouvrir une enquête pénale, à la suite de la plainte déposée par les familles des deux disparus.
Mélenchon interpelle l’Élysée
Sur ses réseaux sociaux, Jean-Luc Mélenchon, député français de la France insoumise, a dénoncé le soutien implicite de Paris au régime de Conakry: « Il y a un an en Guinée, Foniké Mengué et Billo Bah, dirigeants du courant démocratique, étaient enlevés par la dictature que soutient la macronie. Pourquoi la France ne travaille-t-elle pas à leur libération ? Pourquoi le silence ? Quels intérêts sont en cause ? », s’est-il interrogé sur X, anciennement Twitter.
Ces dénonciations des avocats et de Jean-Luc Mélenchon s’ajoutent à celles de plusieurs organisations de défense des droits humains comme ACAT-France, Human right fondation ou Tournons la page qui jugent préoccupante la situation. A Conakry, c’est une année de souffrance, d’incertitude et de lutte pour les familles des disparus qui continuent d’alerter l’opinion nationale et internationale.
Abdoulaye Pellel Bah