Le président du Bloc Libéral a réagi vigoureusement ce mardi 1er juillet à la récente sortie du président du Conseil national de la transition (CNT), Dansa Kourouma, sur la future Constitution guinéenne. Faya Millimouno s’est notamment indigné contre le passage de la durée du mandat présidentiel de cinq à sept ans.

Il y voit une manœuvre politique visant à garder la mainmise sur le pouvoir. « C’est du déjà vu dans notre pays et non une innovation. C’est juste une volonté de confisquer le pouvoir plus longtemps », a-t-il martelé, rappelant les précédents historiques comme le « coup d’État constitutionnel » de 2001. Après 17 ans au pouvoir, Lansana Conté avait instauré à l’époque un septennat, renouvelable à vie. Avec comme slogan à la mode, le Koudéisme qui peut signifier éternité en soussou.

Selon le leader du BL, la longévité au pouvoir n’a jamais été un gage de paix ou de stabilité en Guinée : « Après la mort de Sékou Touré, il y a eu un coup d’État. Après celle de Lansana Conté, encore un autre coup d’État. Ce n’est donc pas la durée au pouvoir qui stabilise un pays ». Les deux anciens présidents avaient cumulé, à eux seuls, près d’un demi-siècle de règne.

Faya Millimouno voit en l’actuel projet de constitution une répétition des erreurs du passé. « La tendance mondiale n’est même plus aux mandats prolongés. Même la France, que nous copions souvent, est revenue à un mandat de 5 ans depuis Chirac », insiste l’opposant.

Restructuration du gouvernement, congrès de l’UFDG…

Quant à l’annonce de la création du Conseil national de développement (CND) en remplacement du CES (Conseil économique et social), Faya Millimouno flétrit « un changement de façade ». « Changer quoi que ce soit sans revoir le contenu ne rime à rien. Toutes ces institutions sont en location : la Cour constitutionnelle, la Cour des comptes… Ce n’est que de l’apparence, et c’est le citoyen qui peine à se nourrir qui supporte le coût. »

Dans un décret du 30 juin, le général Mamadi Doumbouya a restructuré le gouvernement en éclatant cinq départements ministériels. Ce qui n’échappe pas non plus aux critiques de l’opposant. « Quand on sépare les Sport de la Jeunesse, la Culture de l’Artisanat, ce n’est pas pour mieux gérer. C’est pour créer plus de postes, plus de bouches à nourrir pendant que le peuple tire le diable par la queue », assène-t-il.

Interrogé sur la participation du Bloc Libéral aux futures consultations électorales, Millimouno entretient le suspense : « C’est trop tôt pour nous prononcer. Nous attendons de voir de près la dernière mouture de la Constitution. Ce que nous voulons, c’est une élection crédible, transparente. Sinon, on ferait plus de mal à la Guinée que de bien. »

Le leader du BL a aussi réagi à la crise qui secoue l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée), accusant les autorités de transition de vouloir affaiblir l’opposition. « C’est le CNRD qui tire les ficelles. C’est vraiment de la politique au rabais. Les Guinéens doivent se réveiller. Sinon, nous allons connaître une situation vraiment regrettable », prévient l’acteur politique.

Mariama Dalanda Bah