La restructuration institutionnelle et opérationnelle est un acte dont sont coutumiers les gouvernements. L’efficacité gouvernementale et administrative en dépend. C’est un exercice indispensable d’évaluation de l’œuvre accomplie, afin de corriger les imperfections, les insuffisances qui sont sources de dysfonctionnement de l’écosystème. Le sujet, si sérieux, Donald Trump en a confié la charge à Elon Musk, qui s’en est vite lassé. Le 30 juin dernier, le gouvernement guinéen a enregistré un remaniement partiel visant quatre départements.
Le ministère de l’Agriculture et de l’Élevage a été tronçonné en deux. La précédente structure de ce département était-elle incongrue que cela ? L’Agriculture, l’Élevage et la Pêche sont les principaux secteurs primaires de l’économie guinéenne. Il n’est donc pas malencontreux d’enchevêtrer les structures institutionnelles de l’Élevage et de l’Agriculture. Par ailleurs, cela permet d’accroître l’efficacité et l’efficience des stratégies de promotion de la sécurité et de l’autosuffisance alimentaires. Enfin, scinder ce ministère en deux n’entraine-t-il pas un coup budgétaire additionnel indu ?
Le deuxième ministère restructuré est celui de l’Energie, de l’Hydraulique et des Hydrocarbures. Là, l’énergie a été scindée du couple « Hydraulique et Hydrocarbures ». Curieuse séparation ! N’est-il pas plus commode de coupler l’énergie et les hydrocarbures, car les hydrocarbures sont tout simplement des énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) à l’opposé des énergies renouvelables (énergie éolienne, énergie solaire et énergie hydrolienne) ? Un ministère gérant à la fois l’énergie et les hydrocarbures couvrirait des activités compatibles plus faciles à intégrer dans un schéma d’analyse.
La grande compatibilité de gestion entre ces énergies, quelles que soient leurs origines, entraîne la simplification de la gestion financière et technique. L’hydraulique, comme source d’eau pour les populations urbaines et rurales, peut faire l’objet d’une gestion autonome. Elle doit être intégrée dans la politique de la Ville via l’adduction d’eau de manière à pourvoir en eau potable, chaque ménage citadin. Les campagnes ont soif de confort comme les villes. Là, la vaste étendue de l’espace aménageable exclut le même type d’équipement qu’en zone urbaine. Si l’équipement collectif est attendu en espace urbain, l’équipement individuel convient en milieu rural. En général, il s’agit de forages qui équipent des propriétés individuelles, en campagne ou des villages entiers.
Depuis quelques années, le SNAPE (Service National d’Aménagement des Points d’Eau), tente de réaliser le maillage du pays. Si cet objectif n’est pas encore atteint, force est d’admettre qu’une masse critique de populations rurales a désormais accès à une eau de meilleure qualité. La problématique de l’eau potable peut absorber l’énergie de tout un ministère, aussi important soit-il.
Le ministère de la Jeunesse et des Sports n’a pas échappé au charcutage institutionnel. Jeunesse et Sport ont été érigés, chacun, en département ministériel. Mais quel contenu chacun laisse-t-il à l’autre ? Que vaut la jeunesse sans les activités sportives et le sport sans les jeunes ? N’est-il pas mieux de ne pas déranger ce couple parfait ?
Enfin, on arrive au dernier ministère restructuré le ministère de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat qui mérite bien un coup de lifting tant il ressemble à un fourre-tout. Il en valait la peine d’expurger la Culture et d’en faire, enfin, un ministère régalien. Car la culture ne se réduit pas à de banales activités ludiques.
Abraham Kayoko Doré