Dans la soirée du 13 juillet, une rumeur sur l’arrestation d’Alphonse Charles Wright s’est emparée de Conakry. L’ex ministre de la Justice dément et s’en prend à ceux qui cherchent, selon lui, à l’éloigner de Mamadi Doumbouya.
Depuis qu’il a été débarqué du département de la Justice, Alphonse Charles Wright se faisait discret. Il se contentait de quelques apparitions pendant les propagandes en faveur du maintien de Mamadi Doumbouya au pouvoir. Mais depuis quelques jours, il est au cœur d’une polémique aussi inattendue qu’intrigante. Des internautes accusent l’ancien ministre d’avoir enregistré son patron, Mamadi Doumbouya, à son insu. Les audios, non encore authentifiés, inondent la toile. On y entend une voix ressemblant fort à celle de Charles Wright dénigrer des magistrats qui n’accompagneraient jamais le Président de la transition. Charles Wright a rapidement démenti l’info. Il y est allé avec le ton qu’on lui connaît : « Des individus mal intentionnées ont décidé de passer à la vitesse supérieure, en m’attribuant un prétendu enregistrement audio de son Excellence Monsieur le président de la République, avec qui j’entretiens des rapports de confiance, de sincérité et de loyauté sans faille, en publiant des informations faisant état de mon arrestation… J’ai la conscience tranquille, je continuerai à garder à jamais cette relation de confiance, de loyauté et de sincérité envers Monsieur le président de la République. »
L’ex-Garde des Sceaux menace de porter l’affaire devant la justice, mais avant, nargue ses détracteurs : «Vous continuerez à prendre vos mauvaises intentions pour vérité, mais le dernier mot reviendra toujours à Allah, le Maître de l’univers.»
D’où sort cet enregistrement ?
Si l’authenticité de l’audio principal n’est pas encore confirmée, les langues commencent à se délier sur la manière dont il s’est retrouvé sur les réseaux sociaux. Il aurait été publié la première fois par un certain Pitaka, vlogueur se réclamant militant du RPG arc-en-ciel. Celui-ci a clamé, pendant des jours, détenir des audios compromettants pour Charles Wright avant finalement de les divulguer. Comment les aurait-il obtenu, lui, n’a pipé mot. Ansou Damaro, autre vlogueur, connu des cercles de l’ancien parti au pouvoir, le RPG arc-en-ciel, explique que Pitaka a eu l’audio avec lui : «Cet enregistrement audio m’a été envoyé depuis la Guinée par des personnes bien introduites à la Présidence. Je l’ai écouté, trouvé que le publier mettrait en péril Charles. Comme Pitaka et moi étions tous Alphaïstes, je l’ai fait écouter l’audio au téléphone. Il m’a enregistré à mon insu. C’est ce qu’il utilise pour menacer Charles Wright. C’est ce qu’il a divulgué.» Le militant du RPG arc-en-ciel déclare tout tenté, pour dissuader Pitaka de publier l’audio : «Je m’en suis rendu compte, je lui ai demandé de ne pas publier… J’ai la rage contre Charles, mais la publication met sa vie en danger. Comme Pitaka est agité, il a publié l’enregistrement sur Tik-tok.»
Charles Wright tente certes d’éteindre l’incendie, mais la polémique est loin de s’estomper.
Yacine Diallo