Le samedi 19 juillet, le gouvernement a présenté aux différents acteurs partie prenante au processus électoral, le nouveau fichier électoral établi dans le cadre du PN-RAVEC (Programme national du recensement administratif à vocation d’état civil). Il ressort de ce fichier que le nombre d’électeurs est de 6,7 millions dont 120 000 de la diaspora. L’établissement d’un fichier électoral purgé des points de controverses marque une étape majeure vers le retour à l’ordre constitutionnel.
En effet, depuis 1993, la qualité douteuse de cet outil du système électoral a été, de manière récurrente, le point d’achoppement des opérations électorales en Guinée. Il a été régulièrement frappé de nombreux avatars ayant considérablement amoindri la portée et la sincérité du scrutin. Par exemple, il lui a été souvent reproché de comporter dans ses interstices, de nombreux mineurs, donc des Guinéens n’ayant pas encore l’âge de voter. L’opposition a souvent relevé cette distorsion non pas comme une simple erreur, mais comme une grave tentative de fraude pour privilégier les candidats de la majorité. C’est pourquoi, des observateurs avisés sont restés perplexes et dubitatifs face à l’inclusion des adolescents de 10 ans dans la population susceptible d’être enrôlée lors du PN-RAVEC.
Par ailleurs, l’existence de doublon (comptage du même électeur plus d’une fois) dans le fichier électoral a toujours vivement éveillé et entretenu la méfiance et la défiance des protagonistes les uns vis-à-vis des autres. Éviter et/ou éradiquer les doublons est une opération volontariste inspirée par le patriotisme et l’abnégation. Si le gouvernement est déjà parvenu à nettoyer le fichier électoral de ces impuretés, les Guinéens peuvent s’en réjouir et s’en féliciter, car c’est une cause réelle parfois de conflits post-électoraux meurtriers.
Aussi, la ventilation géographique de la population électorale a souvent fait l’objet de vives controverses entre les partis de l’opposition et ceux de la mouvance présidentielle. La population de certaine région semble avoir été exagérément surévaluée. En la matière, on évoque souvent le cas de la région administrative de Kankan dont le corps électoral évalué à 2 089 320 habitants, soit 23,27 %, est largement supérieur à celui de la région de Conakry, estimé à 1 992 986 habitants, soit 22,19 %. Le rapport ne semble pas pertinent, selon certains observateurs qui formulent, sur l’ensemble du pays, des observations similaires.
Compte tenu des graves difficultés provoquées généralement par le fichier dans le processus électoral, il est de bon ton pour le gouvernement d’avoir pris à bras le corps la confection d’un fichier électoral autour duquel toutes les parties prenantes peuvent faire chorus, en faisant montre d’un minimum de bonne volonté d’abnégation, de sens de responsabilité et de patriotisme.
Abraham Kayoko Doré