La répartition des neuf millions d’inscrits du Registre national des personnes physiques et du fichier électoral biométrique fait de la région de Kankan la plus peuplée du bled. Sauf qu’au niveau des examens du BEPC et du BAC, la même région totalise moins de candidats.
La région de Kankan serait-elle trop peuplée d’électeurs, mais vide d’élèves ? On s’achemine vers le référendum du 21 septembre prochain, les autorités de la transition mettent les bouchées doubles pour respecter l’échéance. Le 19 juillet, le mystère de l’Administration du trottoir a divulgué les résul-tares du recensement biométrique organisé en Guinée et à l’étranger entre le 15 avril et le 20 juin derniers.
Après dédoublonnage, le Registre national des personnes physiques affiche 9 010 181 personnes, contre un fichier électoral de 6 748 923 d’électeurs. Jusque-là tout va pour le meilleur des mondes. Mais dès qu’on commence à égrener les chiffres par région, on constate un fossé abyssal entre celles de la Haute-Guinée, d’où est originaire le chef de la junte, et qui pourrait constituer pour ce dernier un vivier électoral important, et les autres buissons du bled.
Dans la savane guinéenne, la mobilisation aura été de taille (et de failles ?), si l’on en croit les chiffres du MATD. La seule région de Kankan a 2 089 320 recensés, supérieure aux régions de Mamou, Labé et Boké réunies ! Soit un peu plus de 23% du total national.

L’argument selon lequel Kankan et les autres buissons environnants constituent une zone minière peine à tenir devant Boké qui attire les entreprises d’exploitation de bauxite. Mieux, outre Kindia et Nzérékoré, Kankan, selon ce recensement, dépasse même la capitale Cona-cris. Pas surprenant vu les nombreuses plaintes selon lesquelles la région s’était taillée la part du lion en termes de kits d’enrôlement.
Comparaison n’a pas tort
Une petite comparaison entre les résultats de ce recensement et les statistiques du Brevet d’études du premier cycle, région par région, laisse à croire que quelque chose ne va certainement pas. Au BEPC, toute la région de Kankan, la plus peuplée, selon les chiffres du MATD, n’a présenté que 20 764 candidats, pour 11 124 admis. Elle est loin du buisson de Nzérékoré ayant présenté 23 000 candidats pour un nombre d’admis de 10 996 personnes. Elle arrive également très loin derrière Kindia et ses 44 895 candidats, pour 24 048 admis.
Mais le fossé est beaucoup plus grand avec Cona-cris, la capitale. Celle-ci avait présenté 56 857 candidats et en a récolté 25 482 admis. La seule commune de Matoto avait plus de candidats, près de 24 000, que toute la région de Kankan.
Au Baccalauréat, avec 10 703 candidats inscrits, la région de Kankan vient également loin derrière Kindia avec plus de 15 000 candidats inscrits et Cona-cris avec 31 022 candidats. On imagine donc mal comment Kankan, « plus peuplé », peut ne pas présenter plus de candidats à ces examens.
Le MATD et sa nouvelle Direction chargée des sélections devraient certainement réexpliquer ce scénario au populo parce que jusque-là, le flou persiste. Sauf si on ne se gêne pas de mettre toute cette différence dans le dos du phénomène de déscolarisation que provoquent les mines artisanales d’or de Siguiri.
Yacine Diallo