Dans un communiqué du 4 juillet, la direction nationale de l’Union des forces démocratiques de Guinée a annoncé suspendre de nouveau son congrès prévu le 6 juillet. Le parti de la Petite Cellule Dalein Diallo préfère ainsi saisir la Basse-Cour suprême, plutôt que de croiser le fer avec un mystère de l’Administration du trottoir et de la décentralisation plus fort.

L’UFDG échappera-t-il à la mort programmée à laquelle il semble condamné par le pouvoir ? Après avoir un temps cheminé avec ce dernier, comme dans la fable Le pot de terre et le pot de fer de Jean de La Fontaine, le parti de la Petite Cellule Dalein Diallo fait face à un adversaire plus fort que lui. Derrière l’exclu Ousmane Gawa Diallo, ancien coordinateur de la Cellule com de l’UFDG, aujourd’hui ministre des Transports et porte-voix du goubernement, il y a tout le pouvoir : CNRD, MATD, justice…

Le combat étant très inégal, l’on comprend pourquoi la direction nationale du parti ne pouvait pas aller à l’affrontement en maintenant la tenue du congrès du 6 juillet. Contre les injonctions de sursis du ministre de l’Administration du trottoir, Ibro Kalil Condé. Saisi par Ousmane Gawa Diallo via son Mouvement des réformateurs de l’UFDG (MR-UFDG), le MATD avait donné 48h au parti pour se conformer à ses instructions : entre autres, la réintégration du porte-voix du goubernement. Faute de quoi, ses « services compétents […] prendront les mesures appropriées pour faire respecter la légalité républicaine », menace Ibro Kalil Condé dans un courrier adressé le 27 juin au Prési de l’Union des forces démocratiques de Guinée.

Ce dernier répond trois jours plus tard depuis Abidjan, où il vit exilé. Dans son long courrier, il s’attèle à déplorer la position « partisane » du MATD qui s’est borné à n’entendre que la version d’un camp. La Petite Cellule Dalein Diallo explique que la crise qui secoue son parti sont ses oignons. Même qu’interdire l’organisation du congrès le 6 juillet est illégal, en ce sens que l’activité ne troublerait en rien l’ordre public.

Arbitrage de la Basse-Cour suprême

A la lumière de ces arguments et tant d’autres, il en conclut que l’UFDG « est fondé à organiser son congrès ». Pour ce faire, il se dit convaincu que le MATD reviendra sur ses injonctions. Que nenni ! Finalement, c’est lui qui a lâché du lest. La direction nationale de l’UFDG, « privilégiant toujours les recours légaux pour faire prévaloir ses droits, a décidé de saisir la Cour suprême pour requérir l’annulation des décisions arbitraires et illégales prises par le ministre de l’Administration du territoire et de la décentralisation », lit-on dans son communiqué du 4 juillet. « Dans l’attente du verdict de la Cour suprême, la direction nationale de l’UFDG décide de suspendre l’organisation du congrès national extraordinaire initialement prévu le 6 juillet 2025 », renchérit-il. Une énième suspension.

Comment pouvait-il en être autrement ? La Basse-Cour suprême va-t-elle invalider les mesures prises par le ministre Ibro Kalil Condé ? Des décisions judiciaires ont déjà été rendues dans le différend opposant le camp de la Petite Cellule Dalein Diallo à celui d’Ousmane Gawa Diallo. L’une d’elle avait bouleversé l’agenda du congrès de l’UFDG préalablement fixé en avril dernier.

Le 23 mai, le tribunal de première instance de Dixinn en charge du dossier a finalement autorisé son organisation, ordonnant dans le même temps la réintégration d’Ousmane Gawa Diallo. L’UFDG relève immédiatement appel du jugement et fixe la date du congrès au 6 juillet. Une manière de couper l’herbe sous les pieds du ministre des Transports, déclaré « ni électeur, ni éligible. Appartenir à notre parti, c’est partager la même vision, avoir les mêmes objectifs, s’engager à respecter les statuts et règlement intérieur et les dirigeants de l’UFDG. Aujourd’hui, il s’inscrit dans la dynamique de la confiscation du pouvoir », explique Souleymane Souza Konaté, nouveau coordinateur de la Cellule com du parti. Or, le porte-voix du goubernement soutient la candidature du général Mamadi Doum-bouillant. Mieux, il ne cache pas sa volonté de mobiliser les militants de l’UFDG derrière le Prési de la transition, s’il parvenait à ravir la tête du parti à son ennemi juré la Petite Cellule Dalein Diallo.

Ousmane Gawa Diallo de rétorquer à ceux qui l’excluent de la course : « Ma volonté de diriger l’UFDG est intacte. Je réaffirme que je serai candidat. » Il met en doute l’organisation du congrès à la date indiquée et martèle : « Nous n’avons pas encore dit notre dernier mot ». Savait-il qu’il pouvait compter sur le MATD ?

Diawo Labboyah