Mes chers compatriotes, mes chers concitoyens, mes chers camarades de galère nationale, asseyez-vous, parce que la Guinée est devenue une pièce de théâtre sans metteur en scène ! À fakoudou !
Chaque matin, on se réveille avec une nouvelle “grande décision” qui ressemble à une blague de fin de soirée. On nous promet la rigueur, la discipline, la bonne gouvernance… et le lendemain, paf ! C’est encore la fête au village. Hé Kéla !
En Guinée, il pleut, mes frères, il pleut à torrents ! Les routes se transforment en piscines olympiques, les moustiques organisent des régates, les poules font du surf improvisé. Hé Kéla !
Mais pendant que l’eau tombe du ciel comme un don inépuisable, les milliards du Karamo de la Banque Centrale, eux, restent bien planqués derrière les nuages. Hé Kéla !
On avait promis une pluie de nouveaux billets, mais à la place on a eu une inondation de discours. Résultat : nos marmites nagent dans l’eau claire, mais pas une goutte de sauce aux milliards. À fakoudou !
Mes chers compatriotes, 2025 devait être l’année de tous les bulletins, de toutes les urnes, de tous les cris de victoire et de défaite. On nous avait promis des élections, des files d’attente devant les bureaux de vote, des doigts trempés dans l’encre comme symbole de citoyenneté. Wallahi !
Et pourtant, nous voilà à la porte de décembre, toujours en train de voter… mais dans nos têtes. Hé Kéla ! Le seul dépouillement auquel on assiste, c’est celui de nos illusions.
À fakoudou ! Ici, la seule campagne qui avance, c’est la saison pluvieuse ; les urnes, elles, sont restées coincées dans le grenier des promesses. On Chen fout !
Ah, les Forces Vives ! On dirait un groupe de super-héros sorti d’un film de Marvel : Forces Vives – Infinity Conakry. À fakoudou ! Chaque fois, elles menacent : « Attention, si ça continue, nous allons marcher ! » Et le peuple répond : « Marchez seulement, mais emmenez aussi des parasols et même des gilets de sauvetage, parce qu’ici la pluie ne pardonne pas. »
On Chen fout ! Depuis le temps qu’on nous annonce ces manifestations, on dirait un feuilleton mexicain sans fin. Chaque saison se termine par : « Rendez-vous la saison prochaine ».
Mes chers amis, ici la météo n’est plus une affaire de parapluie. Non ! Avant, quand il pleuvait, on sortait fièrement avec son parapluie chinois, parfois troué, mais ça faisait l’affaire. Aujourd’hui ? Il faut ajouter un gilet de sauvetage, une bouée et, si possible, un canot de secours. À fakoudou !
Il pleut des cordes, mais aussi des pierres, des tôles, des maisons entières qui glissent. Hé Kéla ! Chaque saison pluvieuse, on compte les morts, les blessés, les éboulements, les quartiers engloutis… Pendant ce temps, les autorités sortent le même communiqué : « Nous suivons la situation de près. » On Chen fout !
Malgré toute cette pluie qui tombe du ciel, malgré les torrents qui emportent nos routes, nos maisons et parfois même nos illusions… une chose reste intacte : nos péchés collectifs. Hé Kéla !
La pluie a lavé les toits, les rues, les marchés, mais elle n’a pas réussi à purifier nos petites combines, nos grandes magouilles et nos promesses jamais tenues. Même le tonnerre a renoncé à nous corriger, Wallahi ! Ici, l’eau emporte tout sauf ce qui pèse le plus : nos travers. On Chen fout !
Mes chers amis, ici, la météo politique est plus orageuse que la saison des pluies. Hé Kéla !
Les voix qui osaient parler, contredire ou réclamer, elles ont disparu du ciel guinéen : certaines sont parties en exil, d’autres se retrouvent en prison, et quelques-unes… simplement portées disparues. Wallahi, on ne sait même pas si elles se sont transformées en nuages fantômes.
Il ne reste à l’intérieur qu’une masse amorphe de soutien, toujours présente, toujours silencieuse, qui hoche la tête et dit « oui » même quand il faudrait dire « non ». À fakoudou ! Ici, la démocratie ressemble à un ciel sans éclairs : calme en apparence, mais étouffant, avec des éclats de voix qui ne viennent jamais. On Chen fout !
En Guinée, mon frère, ici, tomber par terre ne te fait pas lever la sympathie, non ! Non ! Dès que tu dis que tu as trébuché et que tu es tombé, tout le monde te regarde avec des yeux de détective : « Et alors, combien d’argent as-tu ramassé par terre ? »
Wallahi ! Même la compassion a été remplacée par la curiosité financière. Hé Kéla ! Chez nous, un peuple miséreux, étranglé par les dépenses insurmontables, les factures impossibles et les dettes qui s’accumulent comme les gouttes de pluie… la chute d’un homme ne vaut que si elle rapporte quelque chose.
Wallahi, tu peux te casser une jambe, si tu ne trouves pas un franc derrière, personne ne s’inquiète ! À fakoudou ! Ici, la pauvreté n’est pas seulement un état, c’est une discipline sportive : tu trébuches, tu comptes tes sous, tu marches encore. On Chen fout !
Regardez-les, ces despotes du Sahel, champions de la souveraineté à géométrie variable ! Wallahi, ils te parlent d’indépendance, mais déroulent le tapis rouge aux mercenaires étrangers. Même les anciens monarques avaient plus de cohérence ! À fakoudou !
Ces nouveaux despotes en treillis ont inventé une tyrannie 2.0 : tuer d’une main, accuser l’ennemi invisible de l’autre, et entre deux massacres, brandir le drapeau de la « dignité nationale ». Mais dignité pour qui ? Certainement pas pour les villages rasés, les corps laissés aux vautours, pendant que leurs bourreaux paradent comme des héros.
Et le monde, comme toujours, détourne les yeux… trop occupé à commenter la couleur des cravates aux sommets internationaux. Wallahi ! Jusqu’où va-t-on descendre avant qu’un brave dise : l’empereur est nu… et couvert de sang ?
Ah mes chers compatriotes, en Guinée, réfléchir à haute voix est devenu un sport extrême ! Wallahi, ici, tu parles trop, et hop… tu peux finir muselé, démissionnaire ou en exil express. À fakoudou !
Le chef de file de l’opposition ? On lui fait les yeux doux: « Reviens, on va discuter ! » Mais derrière, les cellotes sont déjà aérées pour un accueil VIP. Hé Kéla ! Revenir d’exil, c’est un peu comme jouer à la roulette russe… avec un revolver chargé à bloc.
Et ceux qui prêchent la paix et la réconciliation ? Wallahi, ils peuvent distribuer des convocations judiciaires comme des flyers publicitaires. On veut nous faire croire que la démocratie, c’est la fête… mais bizarrement, seuls les organisateurs ont droit au gâteau.
Mes chers compatriotes, enfin nous sommes riches ! Oui, riches comme jamais. Grâce à Simandou, le plus grand gisement de fer au monde, on nous promet la pluie de milliards. DJ Diak, avec ses 14 km de documents, devrait venir nous expliquer comment nous, pauvres citoyens, allons recevoir notre part du gâteau. Mais dites-moi, y a-t-il seulement un mécanisme qui ferait tomber quelques miettes dans nos poches ?
Ou bien on va rejouer le vieux scénario : on baptise le pactole de concepts creux — « lutte contre la pauvreté », « inclusion sociale », « développement durable » — et puis, bing ! On est déjà dribblé comme à la CAN. On ne verrait ni l’argent du Simandou, ni la fin de la pauvreté.
Pendant ce temps, les économistes officiels nous chantent que la Guinée sera « un paradis minier ». Hé Kéla ! Un paradis peut-être, mais seulement pour ceux qui tiennent la clé de la banque. Pour le peuple, c’est toujours le purgatoire : factures impayables, dettes insurmontables, misère héréditaire.
Et quand on se plaint, on nous rappelle : « Patience, ça va venir ! » Mais chez nous, la patience n’est plus une vertu, c’est une réclusion à perpétuité. On attend tout depuis toujours !
Mais à force d’attendre, nous sommes devenus un peuple assis. Assis à l’ombre des promesses, assis sous la pluie des mensonges, assis devant la porte du développement qui ne s’ouvre jamais. Hé Kéla !
Sambégou Diallo