Le 6 août, à Kaloum, la Direction générale des élections a réuni les « parties prenantes » au processus du retour à l’ordre constitutionnel. Les participants ont bavardé sur la mise en place d’un comité inter-parties au sein duquel des questions liées au scrutin référendaire seront débattues. Seulement voilà, l’absence des grandes formations politiques à la rencontre fait grincer des dents.

Le CNRD avance désormais sans masque. La junte militaire, au pouvoir depuis 2021, veut en finir avec le processus transitoire pour apparemment se substituer à elle-même à l’issue d’élections où Mamadi Doum-bouillant sera candidat. Elle hâte les pas sans attendre un terrain d’entente avec les principaux partis politiques ayant pourtant des récriminations quant à la façon dont la transition est pilotée. Le dernier pied de nez à l’opposition, est la mise en place d’un Comité inter-parties, censé être «l’espace d’informations et d’échanges sur les activités du processus référendaire.» Il devrait aussi être un cadre de « concertation technique entre la Direction générale des élections et les parties prenantes au processus au retour à l’ordre constitutionnel.»

Sauf qu’il y a à redire, notamment sur le caractère inclusif de ce comité. Le Mystère de l’Administration du trottoir et sa DGE ne discuteront finalement qu’avec ceux qui n’ont pratiquement rien à dire, les alliés du CNRD. Du moins ceux qui caressent les bidasses au pourboire dans le sens du poil. A la fête, les principales formations politiques ont préféré bouder ou plutôt n’ont pas été invitées. Il n’y a eu les traces ni de l’UFDG ni du MoDeL, encore moins des suspendus, le RPG arc-en-ciel et l’UFR. Pourtant, certaines y avaient été conviées: « Fidèles à nos principes et en cohérence avec nos prises de position antérieures, nous avons décidé de rejeter cette invitation », déclare Souleymane Souza Konaté, coordinateur de la cellule de communication de l’UFDG.

Selon lui, s’associer à une telle rencontre, reviendrait à avaliser l’agenda du CNRD que beaucoup jugent occulte: « Nous refusons de servir de caution à un processus unilatéral, instrumentalisé pour légitimer l’agenda du CNRD et du gouvernement de transition, dont l’objectif est clairement de confisquer le pouvoir et de saper les fondements de la démocratie.» L’UFDG exige, selon Souza Konaté, que l’organisation des élections soit retirée au MATD et son organe de gestion électoral: « Nous rejetons la Direction générale des élections (DGE) telle que imposée par le régime en place. Nous nous opposons fermement à l’organisation des élections par le MATD, dont l’objectif politique manifeste est de maintenir le général Mamadi Doumbouya au pouvoir.»

« Nous n’avons rien à voir avec cela »

La rencontre s’est également tenue sans l’ex parti au pouvoir, le RPG arc-en-ciel d’Alpha Grimpeur et l’Union des forces républicaines du Sid Touré, deux mastodontes de la vie politique guinéenne. Ces deux partis politiques n’auraient pas été invités à la fête. Au mystère de l’Administration du trottoir, on met en avant leur suspension pour justifier leur absence. Mohamed Lamine Kamissoko du bureau politique du RPG arc-en-ciel estime, lui, qu’ils n’avaient pas leur place à une telle rencontre: «Nous sommes des victimes, nous considérons que la transition est terminée depuis le 31 décembre 2024. Nous ne reconnaissons donc aucune activité des militaires. Nous n’avons rien à voir avec cela.» Il dénonce des méthodes «rétrogrades» de la junte pour écarter les partis politiques représentatifs: «S’ils sont là pour le peuple comme ils prétendent, ce peuple doit savoir ce qu’ils font. Il doit connaître la raison pour laquelle des partis politiques sont sanctionnés, alors que d’autres sont épargnés. Nous savons déjà où ils veulent aller.»

Même autorisé à exercer librement ses activités politiques, le Mouvement démocratique libéral (MoDeL) d’Aliou Bah n’a pas été non plus convié: «Nous n’étions pas représentés», réagit Ibrahima Diallo de la Cellule de Com du parti.

Le Bloc libéral de Faya Millimouno, dont le leader se disait pourtant menacé, était de la partie. Mais il se garde de commentaire sur ce qui a été dit.

Yacine Diallo