D’abord fixée au 25 septembre, la rentrée scolaire 2025-2026 est finalement ramenée, par le Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation, au 15 septembre prochain. Une décision soutenue par l’Inspection générale de l’éducation, mais mal accueillie par le syndicat des enseignants, les élèves et leurs parents.

« La rentrée administrative [est] fixée au lundi 08 septembre 2025. La rentrée scolaire effective des élèves [est] fixée au 𝗹𝘂𝗻𝗱𝗶 𝟭𝟱 𝘀𝗲𝗽𝘁𝗲𝗺𝗯𝗿𝗲 𝟮𝟬𝟮𝟱 sur toute l’étendue du territoire national », a annoncé lundi soir 25 août une brève note publiée sur la page Facebook du Ministère de l’Éducation Nationale et de l’Alphabétisation (MENA). Un rétropédalage d’autant que quelques heures plus tôt, le département avait avancé la date du 25 septembre. Un nouveau calendrier qui n’emporte pas l’adhésion de tous les acteurs de l’école guinéenne. Beaucoup parmi eux estiment que le moment est mal choisi par le MENA. Les élèves et leurs parents disent avoir déjà du mal à joindre les deux bouts, étant durement frappés par la crise de liquidité : « Franchement, je ne suis pas prête. Je n’ai pas l’argent pour payer la scolarité de mon fils. Avec la crise de liquidité, c’est encore plus compliqué. Comment fait-on pour trouver de l’argent ? Le ministère devrait revoir sa décision », réagit Ousmane Tanou Diallo, parente d’élève.

Des élèves « pas prêts »

Même inquiétude chez Aïssatou Diallo, mère de deux élèves : « Cette décision nous pénalise. Les frais de scolarité et les fournitures coûtent une fortune. Le problème, c’est qu’il n’y a pas d’argent actuellement, on ne sait pas comment s’en sortir. »

Pour Idrissa Kaba, commerçant et parent d’élève, il était préférable d’ouvrir les classes après le référendum constitutionnel : « Pourquoi avancer la rentrée ? C’est irréfléchi. On aurait dû attendre le référendum du 21 septembre au moins avant de fixer la date. Le pays est déjà en difficulté. On n’a rien. »

Chez les élèves, c’est pratiquement la même position. Mamadou Tafsir Diallo doit passer le bac. Mais, il préfère une rentrée scolaire au mois d’octobre : « Je comptais commencer mes révisions début septembre. Avec une rentrée le 15, quand est-ce que je vais réviser ? C’est trop précipité. Je n’ai rien vu venir. » Diao Diallo, lui, regrette le fait de n’avoir pas profité pleinement de ses vacances : « On change la date et on nous supprime dix jours. On n’est pas prêts, ni physiquement ni mentalement. » Les élèves et leurs parents appellent à un réajustement du calendrier afin de leur permettre de préparer sereinement la rentrée scolaire.

Cacophonie

Dans la foulée de l’annonce de la date de la rentrée des classes, l’Inspection Générale de l’Éducation a adressé une circulaire aux Inspecteurs régionaux, Directeurs préfectoraux et communaux de l’éducation, pour justifier la décision ministérielle. Il y déplore la faiblesse du quantum horaire effectif du système éducatif guinéen.

L’Inspection Générale de l’Éducation rappelle l’importance de respecter les délais de la rentrée scolaire, afin de garantir un volume horaire conforme aux standards sous-régionaux. Alors que l’intersyndicale de l’éducation fait partie des destinataires du courrier, le Syndicat libre des enseignants et chercheurs de Guinée (SLECG) s’est dit opposé à la mesure. « Si les classes ouvrent dès le 15 septembre, cela signifie qu’une partie de nos congés est sabordée, peste son secrétaire général Aboubacar Soumah, chez nos confrères du site Africa Guinée. C’est une violation claire de nos droits. Or, si nos droits sont piétinés, nous ne resterons pas les bras croisés. Nous devons nous associer, car au 8 septembre, les enseignants ne disposent pas de salaire. Les deux mois de vacances [juin et août] sont payés ensemble. Ce n’est qu’à la fin septembre que nous percevons notre traitement. »

Aïssatou Bah (Stagiaire)