Le 11 août, le secrétaire gênant du Comité national des jeunes (CNJ) de l’Union des forces démocratiques de Guinée a rendu le tablier et quitté le parti. Ismaël Doukouré, pour justifier sa décision, invoque des raisons personnelles. Mais qu’est-ce qui s’est réellement passé pour qu’un si important responsable de l’UFDG prenne le large ?

Ces dix dernières années, Ismaël Doukouré faisait partie des fidèles parmi les fidèles au sein de l’UFDG. Il a gravi rapidement les échelons, pour se retrouver à la tête du puissant CNJ du parti. Auparavant, il était adjoint de Mohamed Bakary Keïta, quand celui-ci gérait le comité, puis deuxième dans la liste de candidats de l’UFDG à la mairie de Matoto en 2018. Douk pour les intimes, avait même réussi à intégrer le cercle restreint des hommes de confiance de La Petite Cellule Dalein Diallo, prési de l’UFDG. Ce dernier n’a pas hésité un seul instant à le faire nommer à la tête du Comité national des jeunes, quand Mohamed Bakary Keïta a rejoint le CNRD. Lui promettait d’accompagner le boss de l’UFDG jusqu’à la magistrature suprême. Douk était aussi considéré comme faisant partie des rares à n’avoir jamais traîné de casseroles à l’UFDG, à n’avoir pas eu de hics au sein du parti: « C’est un pacifiste, il n’a eu la moindre dispute avec quelqu’un », assure le patron d’une fédération du parti à Conakry. Mais le 11 août, le couperet tombe: « Après plusieurs mois de réflexion, et pour des raisons personnelles que je préfère garder pour moi, j’ai pris la décision de démissionner de mes fonctions de Secrétaire général du CNJ ainsi que de mon engagement au sein du parti ». Surprenant à bien des égards.

Douk voulait plus

La démission d’Ismaël Doukouré était tout sauf attendue. Tout allait bien, ou du moins le concerné n’avait laissé transparaître aucun agacement, aucune envie de partir jusqu’à ce 11 août. Pourtant, des langues fourchues au sein du parti, le boss du CNJ commençait à avoir des ambitions, de l’appétit au sein du parti. Il est d’ailleurs constant qu’il ne voulait plus du CNJ, l’avait déjà fait savoir: « Il ne devait pas être candidat à sa succession, il devait monter d’une marche au prochain congrès parce que c’est un bosseur. Le parti le lui avait promis », révèle une source au sein de l’UFDG. Mais il se murmure qu’il lorgnait déjà certains postes: « Il voulait remplacer Cellou Baldé ou Maladho Diallo: « Il était surtout intéressé par la trésorerie du parti », ajoute la même source. La perte de ces deux postes aurait affecté Douk et aurait pesé dans la balance. Il estimerait que le parti, en grande difficulté, n’aurait désormais plus rien à lui offrir. L’autre chose qui aurait motivé sa décision, La Petite Cellule Dalein Diallo ne voudrait pas entendre parler d’une participation de l’UFDG à un quelconque processus électoral, géré par le MATD, notamment les légis-tardives. Cela aurait irrité bien des cadres (en bois) du parti. Ils craignent que le parti ne se dirige droit dans le mur: « A la première élection, transparente ou pas, la donne politique va changer, beaucoup de jeunes à l’UFDG ne se voient pas au banc de la scène politique guinéenne pendant 7 ans. Beaucoup vont certainement claquer la porte», souligne notre interlocuteur.

Ismaël Doukouré justifie son départ par des « raisons personnelles. » Il décide de se consacrer à ses activités professionnelles et à sa famille. Il y en a cependant qui affirment qu’il chercherait à se rapprocher de la junte. Un proche de Dalein estime qu’il n’a pas tenu face à la pression des autorités : « Il est pharmacien, il aurait reçu beaucoup de menaces par rapport à sa pharmacie. Elle aurait même failli fermer.» Le principal concerné, lui, refuse de commenter ces polémiques. Il prévoit de parler au moment qu’il juge opportun : « Je suis responsable de ce que j’ai écrit, mais chacun est responsable de ce qu’il comprend. Je me mets au vert pour le moment, parce que j’ai une famille, une profession…Le moment venu, je prendrai la parole», nous a-t-il confié.

Yacine Diallo