Enfin ! Mardi 29 juillet, Alassane Dramane Ouattara, 83 ans, a dit tout haut ce que tout le monde, y compris Toto, subodorait. « Après mille réflexions et en toute conscience, j’annonce aujourd’hui que j’ai décidé d’être candidat à l’élection présidentielle du 25 octobre 2025. » ADO a ajouté que la Constitution permet, sa santé ne dissuade pas et les défis sécuritaires, économiques et monétaires imposent. De même qu’il serait pétri d’expérience.

L’annonce a aussitôt enflé et amplifié les cris d’orfraies dont les berges de la Lagune Ebrié bruissent depuis que les rues-meurent véhiculent l’intention de la candidature du Prési Ivoirien à la présidentielle d’octobre prochain et que ses redoutables challengers sont biffés de la liste électorale. Pour être retors, ADO l’est.

Pour ne pas réveiller les morts, Satan et les guinarous, occultons la sempiternelle palabre sur sa nationalité controversée. Au terme de la tumultueuse présidence de Laurent le Bravo-rien, la Côte d’Ivoire organise, en 2011, l’élection présidentielle à laquelle participent tous les ténors du landerneau politique : le Président sortant Laurent le Bravo-rien, l’ancien Prési, Henri Konan Gros Bébé et l’ancien Premier ministre, ADO-au mur. La situation électorale est si chaude que toutes les parties prenantes conviennent de confier la certification des résult-tares au Système des Nations Unies. Cette précaution n’empêche pas un vote chaotique. Le post-électoral se solde par près de 3 000  morts. Arès moult péripéties et tractations, ADO est proclamé prési avec 54,10% des voix, pour un mandat de 5 ans. Laurent Gbagbo, accusé de crimes contre l’humanité, est trimballé devant la Cour pénarde internationale. On l’acquitte au terme de 10 longues années de procès.

Réélu en 2015 avec 83,66% des voix, Alassane Ouattara tripatouille la Constitution en 2020, s’octroie un troisième mandat à l’instar du voisin guinéen, Alpha Grimpeur. Comme ce dernier et de façon ubuesque, il parle non pas de 3ème mandat, mais du 1er mandat d’une nouvelle République. Il accomplit ainsi un 3ème mandat frauduleux en toute quiétude et en toute impunité, au nez et à la barbe de la CEDEAO qui ne moufte. Encouragé par tout cela et les exemples scandaleux des Paul Bia, Denis Sassou Nguesso, Obiang Nguema, excusez du peu, il s’enhardit à compétir à l’élection d’octobre 2025.

ADO écarte ses principaux concurrents avec des arguties juridiques. Laurent Gbagbo est accusé de braquage de la BCEAO à Abidjan, en 2011 alors qu’il était Chef de l’Etat. A l’époque, en plein conflit post-électoral, le gouvernement Gbagbo est interdit d’accès aux ressources de la BCEAO pour financer son déficit budgétaire et assurer la paie des salaires des fonctionnaires. Ignorant ces injonctions, Gbagbo ordonne à ses services d’accéder au coffre-fort de la BCEAO et d’y prélever le montant requis par les dépenses courantes dont notamment le salaire des fonctionnaires. Et voilà ce qui fait de Gbagbo un braqueur de Banque. La BCEAO déclarera au tribunal n’avoir subi aucun préjudice. Si le ridicule tuait !

Tidjane Thiam, lui, est accusé d’avoir troqué, pendant un moment, sa nationalité ivoirienne contre une autre. Ce sacrilège lui vaut d’être écarté de la compétition. Cette fois-ci, l’on a bien l’air d’amuser la galerie dans le microcosme politique ivoirien. Dans ce pays, même les hyper amnésiques n’oublient point les affres dramatiques des conflits post-électoraux.

Abraham Kayoko Doré