Mercredi 13 août, scission plénière au CNT, Conseil national de la Transition. Les CNTêtards ont autorisé l’exécutif guinéen à ratifier des projets portant sur les infrastructures routières, l’accès à l’eau potable, l’amélioration de la circulation routière et la sécurité. Quatre accords ont été adoptés à la majorité des conseillés présents.
Parmi les textes examinés: l’Accord de financement entre la Guinée et l’Association internationale de développement (IDA) pour le Projet eau et assainissement en Guinée (PEAG), complété par un don de la Banque internationale pour la reconstruction et le développement (BIRD) et l’Accord de prêt relatif au projet de construction de l’échangeur d’Enco 5, signé entre la Guinée et le Fonds koweïtien pour le développement économique des pays arabes. Saisi au fond, la Commission du Plan, des Affaires financières et du Contrôle budgétaire a précisé que ces docs ont été étudiés par l’ensemble des commissions permanentes du CNT, ainsi qu’en inter-commissions, respectivement du 8 au 20 juin et du 30 mai au 12 juin derniers.
Lors des débats, les CNTêtards ont insisté sur le caractère vital du PEAG, soulignant l’urgence d’améliorer l’approvisionnement en eau potable, pour limiter la prolifération anarchique et dangereuse des forages domestiques.
Urgence nationale
Le secteur de l’hydraulique urbaine en Guinée souffre d’un déficit d’investissements depuis plus de 20 ans, indique le rapporteur de la Commission N’Gouamou Fabara Koné. Les infrastructures vétustes ne couvrent qu’une faible partie des besoins, alors que la population augmente chaque année. Pour le Grand-Conakry, les besoins en eau potable sont estimés à 400 000 m³/jour, tandis que la Société des Eaux de Guinée (SEG) ne produit actuellement que 150 000 m³/jour, soit un déficit de 250 000 m³/jour. Sans intervention, ce déficit pourrait atteindre 660 000 m³/jour d’ici 2040.
Selon le rapporteur de la Commission, N’Gouamou Fabara Koné, l’objectif du financement est d’accroître l’accès à l’eau potable dans le Grand-Conakry, de renforcer la performance opérationnelle et organisationnelle de la SEG et de développer les infrastructures d’assainissement. Les impacts attendus incluent: l’amélioration des conditions de vie et de santé ; la réduction des maladies d’origine hydrique ; l’allègement des corvées d’eau pour les ménages et la création d’emplois. Amen !
Des millions de dollars pour boire de l’eau
Le projet, évalué à 669 millions de dollars ricains, soutenu par plusieurs bailleurs de forme, a suscité moult interrogations au CNT, notamment sur: le bilan des projets antérieurs dans le secteur de l’eau et les réformes engagées ; la prise en compte des quartiers privés d’eau de la SEG depuis plus de 15 ans ; les dispositions pour combler le manque de 50 000 m³/jour restant ; la viabilité des sources d’alimentation, dont Yessoulou et le bassin versant de Konkouré, face au changement climatique ; la rationalisation des forages sur tout le trottoir national.

Parmi la dizaine de recommandations formulées, le CNT demande une révision du tableau de financement pour optimiser la répartition entre dons, prêts concessionnels et contribution nationale ; le respect strict des normes environnementales et sociales ; l’intégration des quartiers non desservis depuis plus de 15 ans dans la planification ; un programme national de rationalisation et d’intégration des forages ; la maintenance durable des infrastructures, y compris les latrines scolaires et les bornes-fontaines.
Du futur échangeur à Enco 5
Selon le CNT, le projet de construction et d’aménagement de l’échangeur d’Enco 5 vise à moderniser le carrefour, afin d’améliorer la fluidité du trafic, réduire les temps de trajet, accroître les échanges commerciaux et renforcer la sécurité des usagers. À l’hémicycle rectangulaire, les conseillés ont insisté sur la nécessité de tirer les leçons de l’échangeur de Bambéto et d’intégrer à la fois les réalités actuelles et les projections futures de la circulation.
D’un coût global estimé à plus de 20 millions de dollars ricains, la première phase du projet sera financée par un prêt du Fonds koweïtien de près de 13 millions de dollars, soit quatre millions de Dinars, remboursable sur 25 ans, avec un taux d’intérêt annuel de 1,5% et une période de grâce de 5 ans.
Le CNT recommande de prévoir des espaces de stationnement pour les transports en commun ; libérer les emprises avant le démarrage des travaux ; organiser la circulation avant, pendant et après les travaux ; favoriser le contenu local (entreprises, matériaux, main-d’œuvre nationales) ; instaurer une garantie minimale couvrant la qualité des ouvrages ; intégrer l’accessibilité universelle (passages piétons, rampes PMR, dispositifs pour cyclistes).
Abdoulaye Pellel Bah