Après son élaboration et son adoption par le Conseil National de la Transition (CNT), le projet de nouvelle Constitution, à soumettre au référendum le 21 septembre prochain, a été approuvé par le Président de la transition. Il revient désormais aux différents démembrements de l’État (Gouvernement, Administration territoriale déconcentrée et décentralisée, etc.) d’en assurer l’exégèse à travers la Guinée.
Cette démarche a été aussitôt entreprise avec la frénésie et l’enthousiasme qui caractérisent les Guinéens, aussi bien dans les villes que dans les campagnes. On a déjà l’impression d’être en pleine campagne référendaire dont la période est pourtant définie et encadrée par la loi. C’est dire que pour nombre d’acteurs, il y a maldonne, mélange de genres. Les promoteurs confondent deux moments distincts du processus référendaire : l’exégèse qui est le moment réflexif et la campagne, celui festif.
Se familiariser avec la mère des Lois
En cette période d’explication du projet de constitution aux populations, devraient prévaloir la sérénité, l’écoute, l’échange, le dialogue. Le texte constitutionnel n’est pas un simple roman ni un simple livre de lecture pour écolier. Il est une collection et un condensé de textes juridiques adossés sur des réflexions sociologiques, voire anthropologiques. Il n’est donc pas de lecture facile, accessible à toutes et à tous. Le jargon juridique, qui en constitue la colonne vertébrale, a parfois l’air ésotérique, donc inaccessible à beaucoup de Guinéens.

Or, on a coutume de dire que nul n’est censé ignorer la loi. Se familiariser avec la Constitution, qui est la mère des lois, est une impérieuse nécessité. Ce qui rend donc incontournable une période d’explication plus ou moins longue du texte. Cette période devrait donc être essentiellement consacrée à la définition des mots clés, l’explication des termes complexes, l’exégèse et la réponse aux questions de ceux qui doutent et s’interrogent. A cette étape, c’est la quête des tenants et des aboutissants de la conception et de l’élaboration de la constitution qui s’impose. C’est pourquoi, elle est fondamentalement réflexive.
Le temps de la mamaya
L’autre moment de la dynamique référendaire est celui de la campagne qui est plutôt festif. C’est l’instant de mobilisation des citoyens pour une large participation au vote référendaire, car en matière de référendum, le taux de participation est un indicateur intéressant qui permet d’apprécier le degré d’adhésion des populations au projet de constitution. Les masses sont davantage enclines à la distraction, au défoulement festif.

Étant donné qu’on leur a déjà expliqué en long et en large le texte constitutionnel, il s’agit à présent de les motiver à se rendre dans les bureaux de vote en masse pour s’acquitter de leur devoir citoyen, le 21 septembre 2025. Cela peut se faire à travers l’organisation de chants et de danses, de caravanes, de multiples points d’animations dans les agglomérations. Une telle ambiance festive décuple les efforts de mobilisation des uns et la volonté de participation citoyenne des autres. C’est le temps de la mamaya, de la fête.
Pour plus d’efficacité et peut être d’efficience, il convenait de bien distinguer, l’un de l’autre, les deux instants du processus référendaire. Qu’importe ! « Il ne sert à rien de courir, il faut partir à point ».
Abraham Kayoko Doré