Le 22 août, le mystère de l’Administration du trottoir et de la décentralisation a suspendu trois nouveaux partis politiques. L’UFDG, le PRP et le RPG arc-en-ciel, interdits d’exercer pendant les trois prochains mois, tancent la décision.

Le boss du MATD et les partis politiques, l’UFDG notamment, ne se lâchent pas d’une semelle. Alors que le principal parti d’opposition attendait l’arrêt de la Basse-Cour suprême sur la suspension de son congrès par le MATD, le ministre Ibro Kalil Condé prend les devants. Il suspend, pour 90 jours, l’Union des forces démocratiques de Guinée de la Petite Cellule Dalein Diallo, le Parti du renouveau et du progrès (PRP) de Raphiou Show et le Rassemblement du peuple de Guinée (RPG Arc-en-ciel) de l’ex-Prési Alpha Grimpeur.

La double suspension du RPG

Intriguant, l’ex-parti au pourboire était déjà suspendu depuis janvier, avec une vingtaine d’autres partis dont l’Union des forces républicaines (UFR) de Sid Touré. Que reproche-t-on au trio ? Non tenue de congrès conformément à leurs statuts, relevés bancaires et comptabilité incomplets, absence de preuves de paiement des cotisations des membres…

Ibro Kalil Condé justifie que les partis ne se sont pas mis en règle dans le temps qui leur était imparti : « La décision intervient en raison du fait que, placés sous réserve pour un délai de quarante-cinq (45) jours, ces partis n’ont pas satisfait aux obligations qui leur étaient prescrites dans le rapport d’évaluation, ni aux exigences de conformité prévues par la Charte des partis politiques », lit-on dans la décision ministérielle. Le MATD menace de sévir contre celui qui ne respecterait pas sa mesure.

Langue de bois

Au lendemain de la décision, les réactions restent mesurées chez les suspendus. Déjà en position de faiblesse face à une junte qui écrase tout sur son passage, les responsables de l’UFDG, du RPG et du PRP semblent éviter la confrontation. « Nous l’avons appris sur les réseaux sociaux. Le document n’est pas numéroté, nous considérons qu’il n‘est pas officiel parce que tous les courriers du MATD ont des numéros. Nous ne commentons pas un acte non officiel », réagit Marc Yombouno du RPG, qui n’a pas encore reçu de notification formelle de sa nouvelle suspension.

Au PRP, notification a été faite au parti. Mais Raphiou Show, surpris par la sanction, compte chercher des explications chez le ministre censeur. Selon l’opposant, le PRP, autorisé à exercer sous réserve en janvier dernier, avait fait parvenir à la Direction des Affres politiques et de l’administration électorale un complément de docs pour être à l’abri : « Je m’étais rendu au bureau de la directrice pour connaître les griefs contre notre parti politique. Elle a promis de le faire par courrier, mais c’est un acte de suspension que nous voyons. » Raphiou Show entend se rapprocher des autres partis suspendus pour harmoniser leurs positions.

Réunion de crise à l’UFDG

L’Union des forces démocratique de Guinée paie principalement pour n’avoir pas pu organiser son congrès. Le camp de la Petite Cellule Dalein Diallo cherche à le faire, mais se heurte à Ousmane Gawa Diallo et son mouvement Les Réformateurs. Le ministre des Transports et porte-voix du goubernement lui met les bâtons dans les roues, après sa suspension de l’UFDG. Le MATD exige sa réintégration avant tout congrès. Le dossier est pendant à la Cour d’appel de Cona-cris et à la Basse-Cour suprême.

L’UFDG flétrit la mesure de suspension. Abdoulaye Bah, coordinateur des fédérations du dans les buissons de l’intérieur, commente plus la forme du courrier que le fond : « Sur le document, le RPG est suspendu. Comment peut-on suspendre doublement un parti ? C’est déjà une première faille, et la décision n’est pas numérotée. »

Il insiste également sur le fait que l’UFDG n’a pas encore reçu de notification officielle. Toutefois, un huissier de justice s’est rendu au QG du parti le 22 août pour déposer le courrier mais n’a trouvé personne. « Il s’y est rendu à l’heure de la prière », répond Abdoulaye Bah. L’UFDG, avant une réponse officielle, prévoit une réunion de crise, probablement le 25 août.

Yacine Diallo