Les débats ont été clos dans le procès, opposant Singleton à la famille Traoré ce 9 septembre. Place aux plaidoiries et réquisitions. L’art-triste, jugé pour «homicide involontaire», risque un an de gnouf.

Mohamed Saïdou Bangoura alias Singleton risque gros. Du moins si le tribunal correctionnel de Coyah décide de suivre les plaidoiries de la partie civile et les réquisitions du mystère public.

Les avocats de la partie civile, malgré leur réticence à plaider ce mardi, ont fini par prendre la parole pour défendre les intérêts de leur client qui, selon Me Aboubacar Cas-marrant, a certes pardonné, mais ne s’est jamais désisté: «Nous ne nous sommes pas désistés dans cette affaire…Le pardon est moral, peut-être religieux, mais nous défendons nos intérêts civils.»

Il explique que la procédure a abouti à un procès à cause de l’attitude du prévenu : « Singleton a choisi l’indifférence. Ce procès a lieu à cause de son arrogance. Il n’a jamais considéré qu’il avait tué un être humain. Il n’a jamais pensé à sa victime… Après avoir donné la mort, il se moque de la famille victime avec 2 millions de francs guinéens. C’est insultant ». Les avocats de la partie civile réclament au prévenu des dommages et intérêts : « Nous avons des réclamations sur le volet civil. Pour la réparation, nous demandons un montant dérisoire de 5 milliards de francs guinéens au prévenu. Cet argent est petit, mais il permettra d’assurer l’avenir des enfants de la victime…»

Me Moussa 2 Keïta d’enfoncer le clou : « Toutes les conditions sont réunies pour parler de l’imprudence et de l’arrogance du prévenu… En la matière, la loi parle d’une peine allant de 2 à 5 ans de prison. Soyez impitoyable ! » Me Salifou Béavogui, lui, demande au tribunal de retirer définitivement le permis de conduire au prévenu, d’ordonner la saisie de son véhicule de luxe à la base de cet accident et de sa mise en vente aux enchères.

Le représentant du mystère public, dans ses réquisitions, a estimé que Mohamed Lamine Traoré est mort par le fait de l’imprudence du prévenu : « Il y a eu de la maladresse, de la négligence, de l’imprudence dans les agissements de Mohamed Saïdou Bangoura. Cela a conduit à la perte tragique d’un être humain. La mort de Mohamed Lamine Traoré est imputable au prévenu ». Il requiert de retenir dans les liens de la prévention, en le condamnant à un an d’emprisonnement dont six mois assortis de sursis. Il demande également au tribunal d’interdire au prévenu de conduire pendant un an, après avoir fini de purger sa peine. Le pro-crieur justifie sa demande de pardon par le fait, selon lui, que Singleton en est à sa première fois : « Il doit bénéficier de circonstances atténuantes. C’est un délinquant primaire. Il n’avait jamais été condamné et a eu un comportement exemplaire à la barre. »
Pour ce qui est de l’action civile, il laisse le soin au tribunal d’apprécier la demande de la partie civile.

Un règlement de compte?

La défense, dans sa plaidoirie, a demandé une relaxe pure et simple de son client. A défaut, elle sollicite de larges circonstances atténuantes en sa faveur. Me Idrissa Bangoura dénonce une « diabolisation » de son client. Il pense que Singleton paie pour sa notoriété, son « soutien» aux bidasses au trône et non pour ce qui s’est passé à Toguiron le 28 août dernier. Il crie à un règlement de compte : « Nous savons qu’on le fatigue pour autre chose. Nous savons que ce n’est pas lui qui est visé. Notre client est victime de son succès. »

Me El Hadj Madiou Diallo, lui, estime que son client ne doit pas être condamné alors que c’est « feu Mohamed Lamine Traoré, qui s’est retrouvé dans le couloir de Mohamed Saïdou Bangoura, qui a causé l’accident, selon le procès-verbal des officiers de police judiciaire. »

Singleton sera fixé sur son sort demain mercredi 10 septembre.

Yacine Diallo