Le 15 septembre, Cellou Dalein Diallo a de nouveau appelé les Guinéens à boycotter le référendum du 21 septembre prochain. Le président de l’Union des forces démocratiques de Guinée estime que les conditions d’un scrutin crédible sont loin d’être réunies.

C’est sa première déclaration publique depuis la suspension de son parti par le ministère de l’Administration du territoire et de la décentralisation, le 22 août dernier. Cellou Dalein Diallo n’y est pas allé de main morte. Ce lundi, lors d’une adresse en direct sur sa page Facebook, le leader de l’UFDG a décoché des flèches contre le pouvoir de Mamadi Doumbouya et le référendum prévu le 21 septembre. Cellou Dalein Diallo se présente comme un homme endurci par les « épreuves et les injustices », inquiet pour le « sort de notre pays qui voit s’éteindre peu à peu l’espérance, la dignité et l’avenir de nos enfants. »

L’opposant en exil demande aux Guinéens de boycotter le scrutin du 21 septembre : « L’UFDG ne participera pas à cette mascarade de référendum destinée à favoriser la commission d’un parjure et à légitimer un coup d’État. Nous invitons tous les militants de l’UFDG, tous les Guinéens épris de démocratie et de liberté, à rester chez eux le 21 septembre prochain, et donc de s’abstenir de voter. Car même si vous votez Non, votre vote sera compté Oui. Ne vous associez donc pas à ce vol en perspective des suffrages des Guinéens. »

Rendez-vous manqué

Cellou Dalein Diallo promet de continuer la lutte depuis l’étranger : « Désormais, il n’y a plus de place pour l’hésitation. Il nous faut défendre nos droits et reconquérir nos libertés… J’appelle tous les Guinéens à s’opposer résolument à l’instauration d’une nouvelle tyrannie dans notre pays. A la communauté internationale, je dis : ne soyez pas complices de la junte dans sa volonté de confisquer la souveraineté du peuple, de choisir librement ses dirigeants. N’apportez pas votre caution à un simulacre de démocratie. »

Il justifie sa posture par le fait, selon lui, que le CNRD renie ses engagements de départ et décrit une Guinée qui va droit dans le mur : « Le 5 septembre aurait dû être une date fondatrice. Beaucoup d’entre nous ont cru ce jour-là que s’ouvrait une page nouvelle. Mais la promesse du renouveau s’est muée en trahison. Au lieu de la renaissance, ce fut le déclin, la confiscation de nos droits et libertés, l’enterrement de la démocratie et, en perspective, la violation de la parole d’honneur et la commission du parjure, ainsi que la confiscation du pouvoir. Aujourd’hui, que voyons-nous ? Des assassinats impunis de jeunes manifestants. »

« Notre force est ailleurs »

L’opposant accuse le régime de faire main basse sur les ressources du pays : « On a exporté 147 millions de tonnes de bauxite en 2024. On exportera, en 2025, 200 millions de tonnes. Mais quel impact sur les conditions de vie de la population quand les fruits de cette croissance ne servent qu’à enrichir les dirigeants, à financer les manifestations destinées à promouvoir le maintien de Mamadi Doumbouya au pouvoir et à acheter la conscience des leaders d’opinion pour qu’ils soutiennent ce funeste projet ? »

L’UFDG connaît une vague de départs ces derniers mois. Bien de ses cadres ont choisi de rejoindre le navire CNRD au pouvoir. Mais Cellou Dalein Diallo se veut serein : « On peut tenter de nous affaiblir par le débauchage ou la démission des cadres. Mais notre force est ailleurs, dans la conviction de nos militants et la confiance du peuple de Guinée à notre parti et à sa direction nationale. Comme tant de Guinéens, nous avons retiré notre confiance au CNRD et à son président, coupables d’avoir trahi leur serment et spolié nos droits et nos libertés. »

Et d’appeler les Guinéens à s’unir pour barrer la route au CNRD : « Nous ne vaincrons la dictature que par notre unité et notre détermination, ainsi que notre esprit de sacrifice. Car l’histoire l’enseigne, la force brutale finit toujours par s’effondrer devant la force des convictions et la détermination des peuples. Je tends la main à chacun de vous. » Attendons de voir si la main tendue sera saisie par les Guinéens.

Yacine Diallo