Depuis la réélection de Donald Trump en novembre 2024, les sommets internationaux se multiplient, se suivent mais sans jamais se ressembler. Les grosses huiles du monde se retrouvent, trinquent, dévorent du caviar, puis commèrent sur les sujets qui leur tiennent à cœur et se séparent. L’efficacité des résultats importe peu. Les rencontres sur l’Ukraine, Gaza et les tarifs douaniers arbitrairement distribués aux États du monde par Trump, en témoignent. Dans le cadre de l’Organisation de coopération de Shanghai (OCS), un de ses cénacles vient de s’achever à Tianjin, le 1er septembre. Dans cette ville du nord de la Chine, se sont réunis autour de Xi Jinping, 20 chefs d’État et de gouvernement dont Vladimir Poutine (Russie), Narendra Modi (Inde) et Kim Jung Un (Corée du nord), pour disserter sur l’état des relations internationales à la lumière des gesticulations tous azimuts du Président américain.

Les enseignements tirés des affres de la Deuxième guerre mondiale ont abouti à une configuration du monde sur la base des normes et des valeurs visant à garantir la paix, la stabilité et la justice entre les États. Pour opérationnaliser cet idéal, on a construit des mécanismes et des structures idoines. Ainsi ont émergé l’Organisation des Nations Unies (ONU) et ses différentes agences spécialisées telles que les Institutions de Bretton Woods, le HCR, l’UNESCO, la FAO, l’OMS, le PNUD, le GATT qui devient l’OMC, etc. Cette architecture régule l’ordre du monde et parvient à maintenir la paix et la coexistence pacifique en dépit de l’existence de deux blocs (Est et Ouest) idéologiquement, politiquement et économiquement antagonistes. Cet ordre a modulé le monde et lui a servi de boussole durant les 80 dernières années. Ce que Donald Trump veut démanteler et démolir pour lui substituer de nouveau paradigme à sa convenance.

Durant de longues décennies, le GATT puis l’OMC ont aidé les Etats à commercer dans un esprit gagnant-gagnant, en veillant à éviter un déséquilibre déraisonnable de la balance commerciale entre deux partenaires. La Banque mondiale et le Fonds monétaire international se sont attelés à définir et à imposer à tous les États des règles de fonctionnement efficaces de  l’économie mondiale, afin d’éviter les déséquilibres structurels, voire conjoncturels susceptibles de générer de violents conflits. Concomitamment, de nombreuses autres agences de l’ONU, conformément à leurs missions, ont apporté une aide inestimable aux populations vulnérables et aux Etats fragiles pour renforcer leur résilience contre la pauvreté. Or, depuis sa réélection, Trump est vent debout contre ces modes de pensée et de comportements que les gouvernants et les populations ont internalisés.

Le sommet de Tianjin a donc bien l’air d’un effet Boomerang. Aux velléités du Président américain d’adouber un monde unipolaire et la résurgence de l’ère de la guerre froide, ce sommet oppose le multilatéralisme qui est une négation de l’idéologie Trumpiste. Par ses initiatives politiques, économiques totalitaristes, Trump a agacé les amis traditionnels des États-Unis notamment les Européens et ouvert un boulevard à la Chine, en jetant dans ses bras, les États du Sud global. Ces retrouvailles ont permis à Xi Jinping et ses convives de cogiter et d’approfondir leur stratégie de contrattaque des politiques agressives et provocatrices du Yankee. Aussi, elles ont permis au Prési chinois de consolider son leadership au sein du Sud global et à son collègue russe de redorer son blason terni par la CPI, Cour pénarde internationale.

Abraham Kayoko Doré