À Conakry, à une semaine du référendum constitutionnel du 21 septembre, les anomalies sur les cartes d’électeurs inquiètent. De nombreux citoyens constatent que leurs informations personnelles sont erronées ou incomplètes, soulevant des doutes sur la fiabilité du recensement biométrique.
L’opération, présentée comme un outil moderne pour sécuriser l’identification des électeurs et créer un fichier biométrique unique, n’est désormais pas exempte de critiques. Les citoyens s’interrogent sur la qualité du travail des agents recenseurs et sur les conséquences de ces anomalies qui pourraient émailler les autres documents officiels dont la fabrication découlera du fichier électoral.
Depuis le 6 septembre, les Guinéens sont invités à retirer leurs cartes, indispensables pour voter. Mais cette fois, beaucoup découvrent des informations fausses ou incomplètes: noms déformés, prénoms et/ou profession tronqués, dates de naissance modifiées, lieux approximatifs, et parfois des âges incorrects. Bizarre, non ?
Amadou Diouldé Diallo, citoyen de Conakry, raconte sa surprise: « Sur ma carte, ma date de naissance est fausse et le lieu n’est pas clairement indiqué. On a écrit “né à domicile”. Pourtant, lors du recensement, j’avais tout vérifié avec les agents recenseurs. Je ne comprends pas comment cela a pu arriver. »
Alpha Bah, lui, a découvert un autre détail tout aussi ahurissant: «Sur ma carte, il est écrit « né à maternité ». Mais ça ne précise rien du tout. Ce n’est pas sérieux pour un document aussi important. Certains peuvent même avoir des problèmes à cause de ça. »
Un autre citoyen, qui a préféré garder l’anonymat, pointe directement le manque de rigueur dans le processus: «Je me rappelle avoir vérifié mes informations pendant le recensement. Si elles se retrouvent erronées sur ma carte, c’est bien la preuve d’un manque de professionnalisme et de sérieux des agents recenseurs. »
Ces anomalies inquiètent les citoyens, non seulement pour leur droit de vote, mais aussi pour les répercussions possibles sur d’autres documents officiels. Un prénom tronqué, une date de naissance modifiée ou un lieu de naissance incorrect peuvent compliquer l’obtention d’un passeport, d’une carte nationale d’identité ou poser des problèmes juridiques à l’avenir.
Réaction de la Direction générale des élections, DGE
Face à ces inquiétudes, la Directrice générale des élections, Dame Camara Djénabou Touré, a expliqué que la majorité des anomalies proviennent d’erreurs de saisie et que le nombre de plaintes reste faible par rapport aux 10 millions de personnes inscrites. Elle rappelle que les citoyens avaient la possibilité de corriger leurs données lors du processus d’inscription via le PN-RAVEC (Programme national de recensement administratif à vocation d’état-civil) et assure que ces erreurs n’affectent pas la validité des cartes et le droit de vote.
La dirlo souligne également que certaines cartes partagées sur les réseaux sociaux pourraient être des reproductions générées par l’intelligence artificielle, contribuant à la désinformation. Elle assure enfin que des corrections resteront possibles dans les mois à venir via les services d’état-civil, puisque le Registre national est lié au fichier électoral permanent, rapporte Africaguinee.com.
Sur les réseaux sociaux, les messages de mécontentement fleurissent. Entre humour et exaspération, d’aucuns ironisent sur le fait que leurs renseignements ont été modifiés par la machine. D’autres craignent que ces anomalies leur causent de véritables problèmes administratifs dans le futur.
Entre erreurs de saisie, informations tronquées et reproductions douteuses circulant sur les réseaux sociaux, le recensement biométrique montre ses limites. Si la DGE rassure sur la validité des cartes et promet des corrections futures, la confusion autour des données personnelles reste réelle pour de nombreux citoyens. À quelques jours du référendum, la question n’est plus seulement de voter, mais de savoir si l’on votera pour soi-même ou pour la carte que l’administration a décidé de créer à notre place.
Aïssatou Bah (stagiaire)