Ce dimanche 21 septembre, 6,7 millions d’électeurs guinéens sont appelés à se prononcer sur la nouvelle loi fondamentale du pays. Ce référendum constitue une étape cruciale dans le processus de retour à l’ordre constitutionnel, quatre ans après le coup d’État du général Mamadi Doumbouya. La campagne pour ce référendum s’est officiellement clôturée jeudi 18 septembre, sans débat contradictoire, mais avec des questionnements quant à la transparence de ce vote.
Jusqu’en fin de journée, des meetings pour défendre le projet de constitution étaient encore visibles dans la capitale, Conakry. Plusieurs entreprises publiques ont même été mobilisées pour l’occasion. En revanche, aucun rassemblement n’a eu lieu pour défendre un point de vue contradictoire. Le président de la transition, Mamadi Doumbouya, est, lui aussi, resté silencieux tout au long de cette campagne.
À trois jours du vote, et en ce dernier jour de campagne, l’Observatoire national autonome de supervision du référendum constitutionnel a également été officiellement mis en place ce jeudi. Cette institution est chargée de veiller au bon déroulement du vote prévu dimanche. Cependant, avec six de ses onze membres nommés par le président ou le Conseil national de transition, son indépendance semble limitée.
Un scepticisme renforcé par le président de l’Observatoire lui-même, qui a donné une consigne de vote sur sa page Facebook, un acte qui n’a pas manqué d’être relevé sur les réseaux sociaux.
De son côté, la Direction générale des élections (DGE), créée en juin pour organiser le référendum, assure que les préparatifs suivent leur cours. Le matériel électoral est arrivé dans les districts avant d’être déployé dans les quelque 23 600 bureaux de vote du pays, la veille du scrutin. Le matériel sensible, tels que les procès-verbaux et les fiches de résultat, est quant à lui distribué par hélicoptère. Deux hélicoptères de l’armée ont été réquisitionnés pour cette mission, selon la DGE.
La société civile demande la libération des « défenseurs des droits humains »
Pour le Réseau ouest-africain des défenseurs des droits humains, ce vote doit être, plus largement, l’occasion pour les autorités guinéennes d’apaiser le climat politique. « Pour un référendum apaisé, participatif et consensuel, il faut libérer les défenseurs des droits humains arbitrairement détenus et aussi toute personne qui aurait été arrêtée pour ses opinions politiques », avance Clement Voulé, membre du réseau.
Selon lui, ce référendum doit constituer une étape importante pour que le peuple guinéen puisse aller « vers une démocratie et un développement consensuel et non pas une étape pour plus de restrictions des libertés ». « C’est pour cela d’ailleurs que nous avons également insisté pour que la protection des défenseurs des droits humains et la garantie d’un processus référendaire apaisé et inclusif soient essentiels pour un retour à l’ordre constitutionnel et démocratique conforme aux standards internationaux », conclut-il.
Par RFI