Après la promulgation de la Constitution, le Premier ministre, Amadeus Oury Bah, s’offre un safari dans l’arrière-bled, pour « remercier » le populo au nom du Prési Doum-bouillant, pour avoir voté en faveur du texte. La randonnée a l’allure de champagne. Et comment ?
La nouvelle Constitution, adoptée à 89,38% des suffrages, est en vigueur depuis le 26 septembre dernier. La junte se frotte les mains et table sur l’organisation de la présidentielle le 28 décembre prochain, sans les grands partis politiques comme le Rpg, l’Ufdg, suspendus par le mystère de l’Administration du trottoir et de la décentralisation, faute de congrès.
Le Premier des ministres, Amadeus Oury Bah, tout joyeux, parcourt le bled depuis le 7 octobre, pour transmettre les « remerciements » du Doum-bouillant au populo, pour avoir voté Oui à la nouvelle Constitution. De Faranah à Nzérékoré en passant par Kissidougou, Guéckédou, Macenta, il a salué le « climat de paix et de quiétude » ayant caractérisé le scrutin référendaire du 21 septembre dernier.
Son safari s’étend à Kankan avant de finir à Mamou, la Ville-carrefour. À deux mois de la sélection présidentielle, l’émissaire du Prési de la transition fait feu de tout bois partout, pour convaincre notabilité, jeunes, nounous, voire des journaleux, à rééditer leur soutien au pourboire, surtout à accorder leurs suffrages au candidat des autorités de la transition. Qui ? Motus et bouche cousue. Le 8 octobre à Faranah, Amadeus Oury Bah déclare : «Nous devons consolider ce que nous venons de faire. Consolider ce que nous venons de faire revient à faire en sorte que les autres étapes qui vont intervenir, que ce soit l’élection présidentielle, les élections législatives, entre autres, se fassent dans la paix, la fraternité… Mais aussi dans un débat démocratique permettant aux meilleurs enfants du pays de compétir, puis de recueillir les suffrages des citoyens sans discorde, sans injure, sans vindicte. Ce qui va conférer le changement de gouvernance dont le pays rêve depuis très longtemps. Donc, nous comptons sur vous.»
Le PM prend le contre-pied
Durant la campagne référendaire, ministres, administrateurs publics et partisans du projet de nouvelle Constitution ont mis en avant le « bien-fondé » et les « avantages » de la nouvelle future ex-Constitution. Ils assuraient la gratuité de l’Éducation et de la Santé au populo. Mais, Amadeus Oury Bah les dément, ce, après l’entrée en vigueur de la Loi fondamentale. À Faranah, il clame que l’existence d’un texte ne garantit poing le meilleur pour les uns et les autres. «Quiconque croit qu’il suffit d’avoir un texte pour que tout aille dans le meilleur des mondes se fait des illusions. La Constitution est très exigeante, de par les principes fondamentaux, de par les disciplines, sur le plan de la gestion des ressources du pays. Le droit à l’éducation, à la santé, au logement, à un avenir décent, tout cela exige des capacités budgétaires pour satisfaire les demandes extrêmement nombreuses», avoue-t-il. Pourquoi n’avait-il pas expliqué cela au populo avant le référen-drôle du 21 septembre dernier ?
Amadeus Oury Bah martèle aussi « qu’on ne chante plus la révolution, on fait la révolution. Cela touche directement chacun d’entre nous. D’où la nécessité de stabiliser le pays, de finir le processus de la transition dans de bonnes conditions et que nous ayons la possibilité, de manière fraternelle, de construire le développement.»
Du drame de Nzérékoré
Le 9 octobre à Nzérékoré, le Premier des ministres a levé un coin du voile sur la bousculade meurtrière survenue le 1er décembre 2024, au stade régional de Nzérékoré. Plus de 57 personnes ont perdu la vie, selon le bilan officiel ; 150 morts selon le collectif des organisations régionales de défense des droits de l’homme. « Les enquêtes sont terminées depuis longtemps. Mais, nous jugerons de l’opportunité de partager les conclusions de la commission d’enquête et agir conformément à ce qui avait été convenu dès le départ : apporter le soutien du gouvernement aux impactés. Le dossier, je ne l’ai pas oublié. Avec tant de situations en évolution, nous avons préféré ne pas mélanger les choses, afin que tout se passe dans la sérénité et dans le calme», assure le PM. Cela sous-entend qu’il n’y aura pas de poursuites judicaires ? Qui vieillira verra !
Des stades partout
Par ailleurs, Amadeus Oury Bah annonce que la Guinée envisage de poser sa candidature pour l’organisation en 2029, de la Coupe d’Afrique des Nations-CAN 2029. Après avoir laissé filer la 34e édition de la CAN 2025 au Maroc qui lui avait été accordée. «Ce matin encore, Kéamou Bogola Haba [ministre des Sports] m’a appelé pour solliciter que la Guinée exprime son intention d’organiser la CAN 2029. La question du stade de Nzérékoré, comme celle de Conakry et d’ailleurs, revient au premier plan», martèle le PM. «Des stades de mini-foot seront également construits un peu partout. Cela permettra, au-delà du sport, de renforcer la cohésion, le vivre-ensemble et d’offrir aux jeunes des espaces de jeu dans les quartiers, plutôt que dans la rue», promet-il. Encore !
Yaya Doumbouya