A l’occasion de la rentrée scolaire 2025-2026, qui a eu lieu ce 6 octobre, le devoir citoyen nous invite à quelques réflexions. La qualité d’une nation est intimement liée à celle de son système éducatif, car l’école transmet les valeurs, les connaissances et les compétences essentielles à la formation d’une société forte et prospère. Une école de qualité est donc un pilier fondamental de la construction, du développement de l’avenir d’un pays. C’est pourquoi la conception et l’élaboration d’un système éducatif pertinent, adossé aux réalités culturelles et aux préoccupations réelles de la société sont impératives. Le système éducatif ne doit pas être déconnecté des politiques de développement du pays. Il n’est pas une fin en soi, il est un levier fondamental de ces politiques. Sa vocation est de former le capital humain de qualité indispensable à l’atteinte des objectifs de développement.
Hélas ! Ce n’est pas ce qu’on observe toujours. Il fournit au marché de l’emploi des ressources humaines dont la structure et les compétences ne satisfont pas les propositions de prestation de service et amplifient par conséquent le chômage, en particulier celui des jeunes.
Plutôt les filières techniques que littéraires
Parmi les nombreuses causes de cette distorsion, on note l’inadéquation entre la formation et le marché de l’emploi. Quoique le chômage frappe tragiquement les diplômés de l’enseignement supérieur, notamment ceux des filières des sciences humaines, économiques et juridiques, ces disciplines continuent d’accueillir annuellement d’énorme flux d’étudiants dont la masse critique est vouée, à terme, au chômage. Cette incongruité doit amener les acteurs étatiques et non étatiques du secteur de l’éducation à s’interroger sur l’ultime finalité de l’éducation.
Le savoir et le savoir-faire technologique ou philosophique qu’on inculque aux enfants visent-ils un but utilitaire ou à stimuler simplement des activités cognitives ? Le but ultime de l’acquisition de connaissance par l’enfant est de lui permettre de se réaliser pour être utile à lui-même et à sa famille, de participer aux dynamiques de développement de son pays. La quête du bonheur est donc bien présente dans la transmission des connaissances dont bénéficie l’enfant.
Le système éducatif doit être bâti et périodiquement évalué en tenant compte de ce qui précède. Un tel système doit privilégier les filières de formation technique et professionnelle au détriment des filières non professionnalisantes et, de surcroît de longue durée (filières littéraires, juridiques et économiques etc.).
Pays minier sans écoles minières
Quelle chance les jeunes titulaires de licence en relation internationale, en sociologie, en ergonomie ont-ils de trouver un emploi sur un marché de travail tendu, saturé ? Leurs chances y sont tenues voire nulles, parce que tout simplement les offreurs d’emploi n’en ont point pour eux. Leurs profils professionnels ne les intéressent pas. De tels profils peuvent être abondants sur le marché de travail sans pour autant répondre aux nombreux besoins des recruteurs.
Le taux élevé de chômeurs produit par les universités publiques et privées guinéennes est loin de décourager le flux des jeunes bacheliers vers l’enseignement supérieur. Cette velléité est due à des pesanteurs socio-culturelles que seul l’État peut modifier par des réformes correctives.
L’Etat ne doit-il donc pas prendre à bras le corps la promotion et le développement de l’enseignement technique professionnel ? Combien d’établissements miniers secondaires et universitaires compte le pays alors que sa vocation minière est avérée ? Si la Guinée a construit grâce à l’aide internationale de vastes centres de formations professionnelles dans les régions naturelles, les effectifs de ces établissements restent bien dérisoires, faute de candidats. Les réformes à entreprendre, dans le cadre de la promotion des filières de formation technique et professionnelle, doivent concourir à rendre ces filières attrayantes, visibles, valorisantes. A cet effet, des stratégies de sensibilisations de la population scolarisable doivent être conçues, élaborées et mise en œuvre.
Abraham Kayoko Doré