L’ambassade de France en Guinée a officiellement inauguré une station IA ce jeudi 9 octobre au Centre culturel franco-guinéen (CCFG), dans la commune de Kaloum. L’initiative vise à vulgariser l’usage de l’intelligence artificielle en Guinée, notamment auprès des jeunes et des acteurs culturels.
Sébastien Vité, Conseiller de coopération et d’action culturelle à l’ambassade de France et directeur de l’Institut français de Guinée, a présenté la station IA aux médias. Selon lui, depuis deux ans, « l’intelligence artificielle, dite générative, bouscule un peu les habitudes et optimise le rendement dans l’administration, la production, la création ». Ajoutant qu’il fallait « commencer en Guinée à donner ces instruments-là aux jeunesses guinéennes pour leur permettre de produire mieux, de créer plus. En fait, derrière tout cela, il y a une idée d’économie de la connaissance. Si ensemble, on travaille avec quelque chose qui améliore les connaissances, personne ne perd rien et tout le monde gagne », insiste-t-il. Le diplomate précise que plusieurs acteurs ont déjà été initiés à l’intelligence artificielle, notamment la société civile, les jeunes chercheurs d’emploi. Prochainement, les journalistes, les institutions et les enseignants seront aussi initiés à l’IA. L’objectif consiste à faire de la Guinée un pays à la pointe de la connaissance en matière d’intelligence artificielle.

Le Directeur général du cabinet des Finances Globales, partenaire technique du projet, Oumar Camara, a mis en lumière l’importance de cette station IA pour la Guinée. « Nous sommes vraiment face à un bouleversement dans tous les domaines : éducation, santé, culture, marché du travail. Le monde a déjà changé [ces deux dernières années] et il changera encore davantage dans les mois à venir. Donc, il y a une urgence à mettre en place des initiatives pour que la jeunesse guinéenne s’approprie cet outil. Internet a mis 13 ans à atteindre 800 millions d’utilisateurs. L’IA, c’est en deux ans seulement. »

Limites et avantages de l’IA
Toutefois, le promoteur a souligné les limites liées à l’usage de l’intelligence artificielle. « L’IA est développée par d’autres pays et certaines notions guinéennes ne sont pas comprises. Ensuite, il y a les hallucinations : l’IA peut inventer des choses. Si l’on n’en est pas conscient, cela peut poser de sérieux problèmes. Il y a aussi une menace sur l’emploi : si les jeunes ne s’y mettent pas, ne se forment pas, ils risquent de perdre leur compétitivité », s’est-il inquiété.

Dre Safiatou Diallo, enseignante-chercheure à l’Université Général Lansana Conté de Sonfonia, est revenue sur la nécessité d’introduire l’intelligence artificielle dans la formation universitaire en Guinée. « On ne peut plus faire comme si l’intelligence artificielle n’était pas là. Nous sommes obligés de nous adapter et de l’intégrer dans notre enseignement. »
Cependant, l’enseignante alerte sur les défis d’évaluation. « Aujourd’hui, nous avons des devoirs homogènes, souvent sans fautes, mais qui manquent de fond. Nous avons des difficultés à évaluer, car nous savons que certains sujets ne sont pas traités par les étudiants eux-mêmes. Il est donc important d’avoir des outils. »
D’où son appel : « Les enseignants doivent être armés face à cette nouvelle donne. Les étudiants doivent comprendre que les machines ne doivent pas réfléchir à leur place. Nous acceptons les avantages de l’intelligence artificielle (elle facilite la tâche, elle fait gagner du temps), mais il est essentiel d’en parler objectivement, de poser le vrai débat et de savoir faire la part des choses entre ce que fait l’étudiant et ce que fait la machine. »

La station IA est ouverte lundi, mardi, mercredi à tous les acteurs, et jeudi, vendredi, samedi aux artistes, créateurs et acteurs culturels. Elle proposera des sessions de sensibilisation, des formations, des événements et des concours. Chaque séance comprendra deux heures d’échange encadré par des médiateurs.
Mariama Dalanda Bah