Au Mali, tous les jours que Dieu fait a désormais son lot d’affres djihadistes. Ces atteintes à l’intégrité physique et morale des paisibles citoyens et citoyennes vont de la destruction de biens privés à de pitoyables scènes de fouettage des personnes récalcitrantes, en particulier les femmes, aux règles édictées par ces illuminés. On observe depuis quelques semaines une forte résurgence de ces actes terroristes et de déstabilisation dans le sud du pays aux frontières de la Côte d’Ivoire et du Sénégal, zones que le Jnim avait d’abord soumises à un embargo assorti de menace (incendie des camions citernes, rançon des voyageurs et distribution de coups de fouet aux femmes non voilées).

La mise en application de ces menaces a entraîné l’incendie de dizaine de camions citernes sur les routes. Il en a résulté une importante pénurie de carburant et de produit dérivé ayant affecté l’ensemble du Mali, y compris la capitale Bamako. Partout dans les agglomérations maliennes se forment de longues files d’attente aux essenceries. Les déplacements urbains et interurbains se sont compliqués, raréfiés. Les voyageurs ne savent plus à quel saint se vouer. Même les FAMA assujetties au démantèlement de cet embargo n’y parviennent pas. Cet échec encourage au contraire les terroristes qui écument le sud du Mali, à accroître leur pression et à sévir davantage contre les populations. Ainsi ces temps-ci, a réapparu la sanction humiliante de fouetter les femmes qui voyagent sans prendre soin de leur tenue vestimentaire, en conformité avec les exigences de l’Islam. Le port du voile est sévèrement exigé. Son défaut vaut à l’indisciplinée quelques dizaines de coups de fouet. Bel exemple de la violence basée sur le genre ! Où sont donc passés les défenseurs du genre ?

Outre l’impact de la pénurie du carburant sur la mobilité des personnes et des biens, il faut noter les dommages subis par les unités de conservation et de transformation qui représentent généralement les sources de revenus des franges les plus vulnérables de la population. En effet, la source d’énergie de ces unités de conservation et de transformation est constituée par les groupes électrogènes fonctionnant à l’essence dont la pénurie handicape leur marche. On n’imagine donc le drame et le désarroi de ces populations qui se retrouvent brutalement du jour au lendemain sans moyen de subsistance. Au nombre des sinistrés, on ne peut pas ne pas considérer les ménages fortunés prévoyants ayant coutumes de faire des prévisions de produit frais et congelés, grâce à des générateurs individuels tournant à l’essence.

Comment le Mali en est donc arrivé là ? Pays pauvre et fragile qui figure régulièrement dans le top 10 des bonnets d’âne de l’IDH, le Mali se bat désespérément depuis des dizaines d’années contre des groupes armées de tout acabit (délinquants, narcotrafiquants, djihadistes, rebelles nationalistes). On n’a pas oublié l’invasion, en 2012 de ces principales cités historiques par des djihadistes déterminés à en découdre avec l’État. L’intervention de la France à la requête du gouvernement malien, permettra de chasser les assaillants. Toutefois, le Mali dénoncera rapidement ce partenariat auquel il substituera une coopération Mali – Russie Wagner. Cette dernière initiative a fait long feu. Et le Mali est dorénavant dans de beaux draps. Au secours Tiani, Ibrahim Traoré. Ils m’étouffent.

Abraham Kayoko Doré