Après la Basse-Côte, la Haute-Guinée et la Guinée Forestière, Bah Oury a posé ses valises à Labé, en Moyenne-Guinée. Officiellement, le Premier ministre y était pour remercier les populations d’avoir voté en faveur de la nouvelle Constitution. Lui qui n’a cessé de flatter la nouvelle loi fondamentale balise malicieusement le chemin pour la présidentielle du 28 décembre.
Il fait partie de ceux qui ont le plus mouillé le maillot pour que la nouvelle Constitution passe comme lettre à la poste. L’épisode du référendum derrière nous, le PM Bah Oury a entamé une randonnée dans l’arrière-pays. Il tenait à adresser lui-même les félicitations du Président de la transition aux populations. De Kindia à Nzérékoré, en passant par Faranah, Mamou et Kankan, le PM n’a pas cessé de magnifier le caractère « pacifique » du scrutin. En séjour à Labé depuis le 24 octobre, Bah Oury devant des partisans dans la salle polyvalente de l’amphithéâtre, s’est lancé dans la même rhétorique : « Organiser ce référendum sans qu’il n’y ait des cris, des coups de poing, des heurts entre groupes rivaux, est l’une de nos plus grandes victoires. La Guinée, depuis l’indépendance, était caractérisée par des violences. La population avait peur de toute expression démocratique à travers les élections, parce que les élections rimaient avec violence, destruction, emprisonnement et répression. Nous avons montré que nous pouvons, si nous voulons. »
La présidentielle du 28 décembre est déjà sur toutes les lèvres. La candidature de Mamadi Doumbouya est pratiquement acquise. Le Premier ministre qui cherche à prendre le directoire de campagne de ce dernier, se projette déjà : « Nous pouvons organiser une démocratie avec le respect des droits de chaque citoyen de la République de Guinée. Que cela se passe dans la fraternité, dans la paix, dans la concorde et que le lendemain, chacun vaque à ses occupations habituelles, félicitations à l’ensemble du peuple de Guinée, mais particulièrement à la population de la région de Labé. »
Pour Amadou Oury Bah, la présidentielle à venir constitue une tournant majeur pour la Guinée : « Le 28 décembre prochain, nous avons la deuxième étape, l’organisation de l’élection présidentielle. Nous souhaitons que les citoyens fassent preuve de discipline, de bonne compréhension. Chacun peut choisir celui qu’il veut, mais que cela ne soulève pas des bagarres, des injures entre les populations ».
Ces derniers temps, des personnes, autrefois opposées à la conduite de la transition, rallient les rangs du CNRD avec tambours et trompettes. Ils affirment désormais avoir compris, promettent victoire aux militaires. Mais pour le Premier ministre, ces personnes doivent s’investir beaucoup plus : « Merci aux jeunes qui affirment avoir compris. Si les jeunes disent qu’ils ont compris, remercions-les, encourageons-les. Ils n’ont qu’à se battre afin de comprendre ce que signifie leur expression ‘’nous avons compris’’. Il ne s’agit pas aussi de suivre seulement une personne, dire qu’on a compris. C’est de dire que ‘’moi aussi j’appartiens à ce pays, je ferai de mon mieux pour améliorer mon niveau de vie et à l’avantage de ma progéniture. Mes droits sont respectés’’. C’est ce qui signifie : ’’on a compris’’. Nous voulons une jeunesse consciente de ses responsabilités, qui va jouer pleinement son rôle dans la transformation de la Guinée. Une transformation d’abord civique. Que chacun se sent responsable et responsabilisé. »
Yacine Diallo


