À mesure qu’approche la date butoir du 3 novembre pour le dépôt des dossiers de candidature à la sélection présidentielle, les prétendants découvrent la supercherie des parrainages. Le candidat du pouvoir est en passe d’être le seul indépendant dans la course.
La date du 28 décembre prochain est déjà dans la tête de la plupart des politocards. Les bidasses au trône accélèrent la cadence pour que la Présidentielle se tienne le jour j. Cinquante partis annoncent leur participation, dont une dizaine comme candidats indépendants. Mais leur rêve pourrait se transformer en illusions. Le système de parrainages pourrait les contraindre à renoncer à leurs ambitions suprêmes.
Le nouveau Code électoral, bricolé à la va-vite par les CNTêtards et signé sans trembler par le Doum-bouillant faim septembre, avait été brandi comme une réussite démocratique. Son géniteur, Dansa Courroux-mat, jurait sur tous les saints que les candidatures indépendantes devenaient un droit inaliénable. Une avancée tant rêvée, une révolution. Certains se sont laissés bercer par les belles paroles du Prési du CNT et de ses Conseillés. Mais le réveil s’annonce brutal. Les conditions de validation d’une candidature indépendante, notamment à la sélection présidentielle, sont telles qu’il paraît improbable pour un prétendant de les réunir en un laps de temps, surtout en ayant en face le Doum-bouillant.
Le parrain suprême
L’article 247 du Code électoral impose aux candidats indépendants un précieux sésame baptisé « parrainage institutionnel ». Pour la présidentielle, l’article 248 exige d’engranger le soutien de 30% des maires, répartis dans 70% des buissons de la Roue-publique. C’est peut-être là que le piège se referme autour des challengers.
Les maires élus, ayant été relevés de leurs fonctions début 2024, laissent place désormais aux délégations spéciales nommées par le très probable candidat sortant. Mamadi Doum-bouillant en chair et en os.

La candidature du Doum-bouillant relève davantage du secret de polichinelle. Il ne manque plus que la mise en scène officielle. Imaginer un prési de délégation spéciale nommé par le Doum-bouillant offrir son parrainage à un autre prétendant relève de l’utopie. Qui d’entre eux mordrait la main qui le nourrit ? Lorsque le Chef de la transition rafle 30% des soutiens exigés dans 70% des buissons, les autres candidats n’hériteront que de miettes, si le Palais Mohammed V consent d’ailleurs à ne pas tout prendre.
Ce constat amuse un prési de délégation spéciale d’un buisson de l’intérieur du pays. Il jure que tout est déjà joué d’avance. « Ceux qui ont écrit le Code électoral savent bien ce qu’ils font. Ils savaient qu’aucun président d’une délégation spéciale n’aura le courage de parrainer un candidat autre que Mamadi Doumbouya. »
Le maire nommé avoue à demi-mot que les mairies de sa préfecture ont déjà fait leur choix : « On nous a réunis quelque part pour signer. » Il est convaincu que dans les conditions actuelles, la voix d’un prési de délégation spéciale n’ira à un candidat indépendant que si le haut lieu le cautionne. Au cas où le Palais Mohammed V aura besoin d’un challenger à battre, pour éviter de compétir seul.
En attendant, les candidats à la candidature indépendante, dans un piège politiquement huilé, pourraient se rétracter colonne par un.
Yacine Diallo


