Fraichement sorti de prison, Amadou Damaro Camara a tenté de sortir du pays samedi 8 novembre. L’ancien président de l’Assemblée s’est heurté aux agents de l’aéroport international Ahmed Sékou Touré. Depuis, ses avocats et lui se murent dans le silence absolu.
Amadou Damaro Camra pensait certainement en avoir fini avec les ennuis. Mal lui en a pris. Après avoir purgé trois ans et six mois d’emprisonnement à lui infligés par la Cour de répression des infractions économiques et financières, Crief, le ponte du RPG arc-en-ciel, ex-parti au pouvoir, a cherché à s’envoler pour l’étranger, afin de « se soigner ». Mais son voyage se termine aussitôt qu’il commence, à l’aéroport de Conakry. Lui qui rêvait de se retrouver au pays de l’Oncle Sam, a été empêché de prendre l’avion. Damaro est finalement rentré chez lui, sans broncher. Des raisons officielles ? Mystère. Ni Damaro ni ses avocats, encore moins les autorités de l’aéroport ou de la transition n’ont voulu communiquer. Mais il se murmure que l’ancien président de l’Assemblée nationale n’a pas pu voyager à cause de sa présence dans une liste des 188 dignitaires soupçonnés d’être impliqués dans la dilapidation de fonds publics et dans les tueries de manifestants sous le régime d’Alpha Condé. Mais selon une source proche d’Amadou Damaro Camara, ce dernier n’est pas surpris par sa situation : «En allant à l’aéroport, il savait qu’il avait très peu de chance de sortir. C’était du 50-50. Et finalement, il n’y a pas eu de surprise.» Cette source estime que M. Camara aurait peut-être mieux fait de patienter : «Vu que ses ennuis judiciaires étaient terminés, il a décidé d’aller se reposer et se faire soigner. Mais prendre une telle initiative moins de deux semaines après sa sortie de prison était un peu risqué…même si Damaro a toujours fait preuve de courage.»
Amadou Damaro Camara, ayant ses documents de voyage, n’ayant plus de soucis à se faire du point de vue judiciaire, du moins pour le moment, pensait pouvoir désormais circuler librement, en Guinée comme à l’étranger. Mais sans compter sur la détermination des autorités de la transition de dicter le tempo : «Le pouvoir ne va pas prendre le risque de laisser une personne qui a une telle force de frappe. Il sait que si Damaro sort du pays, ils n’auront plus aucun moyen de le contrôler», ajoute une autre source.
Comme à sa libération, les avocats d’Amadou Damaro n’ont pas voulu communiquer sur la situation de leur client : «Je ne peux rien dire sur cette affaire maintenant là», affirme maître Santiba Kouyaté, prétextant des occupations professionnelles qui l’en empêchent. Même son de cloche chez Me Lancei Doumbouya qui évoque, lui aussi, les audiences dans les cours et tribunaux pour esquiver la question. En attendant, Damaro devra prendre son mal en patience, comme pendant ces 3 dernières années.
Yacine Diallo


